Les
trois couleurs de la
pensée libre, unique et indivisible
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La Libre PenséeLa libre pensée ne constitue
souvent qu'une croyance,
qui dispense de la fatigue de penser (Gustave Le Bon, sociologue 1841-1931) |
Comment se fait-il que les mouvements laïques, qui menaient au XIXème siècle des luttes d’émancipation, se soient englués au XXIème siècle dans un entêtement réactionnaire ? Ils ne jurent plus que par la Constitution de 1958 et l’obéissance aux lois républicaines. |
"Le
cléricalisme, voilà l'ennemi !"
(Gambetta) |
La
Libre Pensée, c’est d’abord le reflet
d’une période révolue.
C’est l’esprit républicain qui existait
sous le second empire et la
Troisième république. Elle
représentait l’adhésion populaire de
cette époque à la
philosophie des Lumières, tout comme le
pèlerinage de Lourdes représente
l’adhésion populaire à la religion
catholique. Dans l’un et l’autre cas, il ne
faut pas y voir un système philosophique ou
théologique cohérent, mais
l’appartenance à un camp, à une
façon de penser et de ressentir ; un savoir et un
savoir-vivre. Dans la pratique, le combat laïque, dont la Libre Pensée était l’avant-garde, est à l'époque une réaction populaire contre les monopoles du clergé. Cette réaction se cristallise en particulier autour des enterrements. La revendication minimale qui rassemble les libres penseurs est celle du droit de mourir et d’être enterré hors de toute religion. A partir de cette base commune, les revendications se diversifient. C’est la laïcisation de l’éducation, des services hospitaliers, de l’armée. C’est aussi la laïcisation de l’espace et du temps, du nom des rues, des statues, des fêtes chômées, du droit de procession. C’est encore bien d’autres revendications, le plus souvent du domaine symbolique, sur le serment judiciaire, la présence de crucifix dans les lieux publics, le catéchisme ou les émissions religieuses. |
Cette grande période revendicative se situe entre 1848 et 1905. C’est celle des enterrements civils, glorieux pour les uns comme Victor Hugo, difficiles et courageux pour les anonymes. Mais les victoires du camp laïque s’accumulent. Le personnel des hôpitaux se laïcise à partir des années 1870. Au cours des années 1880, un ensemble de lois sont votées pour la laïcisation de l’éducation. Les cimetières sont laïcisés en 1881. En 1889, les séminaristes sont astreints au service militaire. Le 9 décembre 1905 est votée la loi de séparation des églises et de l’Etat | Emile
Combes
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Après
cette période essentiellement revendicative vient celle des
grands
pamphlétaires laïques, grosso modo entre 1905 et
1960. Le précurseur en avait été Leo Taxil. Taxil fait paraître La Bible amusante à partir de 1897 sous la forme de 67 petits fascicules. Cet ouvrage fait suite à une fantastique imposture. Léo, après avoir été un anticlérical militant, s'est converti et est resté au sein de l'église pendant 12 ans. Il a même été reçu en audience par le pape Léon XIII. Après ces 12 années, il redevient anticlérical militant. Fier comme un gamin, il se flatte dans la dédicace de sa Bible amusante d'avoir mystifié le pape et mis en défaut le dogme de l'infaillibilité pontificale. |
Léo Taxil |
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Après
Léo
Taxil
émergent les noms de
Sébastien Faure, Joseph Turmel ou André
Lorulot. L’objectif est moins de faire rire
que de salir. L’histoire sainte, la Bible, les rites
religieux sont roulés dans
la scatologie et la pornographie. Les caricatures des moines et des
prêtres
expriment une haine et un mépris du même tonneau
que les
sentiments racistes ou antisémites.
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Pendant la première
moitié du XXème siècle, la Libre
Pensée construit, au nom de la raison, un corpus
fondée sur cinq piliers :
anticléricalisme, racisme,
antisémitisme, antiféminisme, pacifisme. C'est
André Lorulot, dans son abondante production, qui se
chargera
de fixer ce corpus, conforme aux écrits de Voltaire,
ou du moins compatible avec eux. Ce corpus est aussi en ligne avec les libres penseurs "scientifiques" de la fin du XIXème siècle, qui fondèrent le mouvement et le journal La Libre Pensée : voir Gellion-Danglar, Regnard, Hamon, Flourens. On peut remarquer que ces cinq piliers sont, non des projets, mais des rejets. Cette singularité donne de la cohérence au corpus et aussi à son aspect extérieur : celui de la contestation, du refus tous azimuts. De là à considérer l'attitude libre-penseuse comme une attitude de révolte ou même comme une attitude authentiquement révolutionnaire, il n'y a qu'un pas. Il suffit de considérer comme inacceptable tout à la fois le pouvoir occulte des Jésuites, l'action dissolvante des droits ethniques, l'or des Juifs, l'influence des femmes soumises et les malheurs de la guerre. |
"
Les Jésuites se sont toujours cachés. (...) La
Société a des agents un peu partout, qui sont
chargés de rechercher certains ouvrages et de les
anéantir. (...) Leur seul but, c'est la domination
universelle. (...) On les sent partout, on ne les trouve nulle part.
Comment les frapper ? Ils sont insaisissables. Comment se
défendre de leurs intrigues ? Ils restent toujours dans
l'obscurité. Comment déjouer leurs plans ? Ils
ont des émissaires dans tous les partis, qui servent leur
politique, qui embrouillent toutes les situations et bernent
même les hommes d'avant-garde !...(...) Les Jésuites constituent pour le progrès et pour la paix une menace effrayante. L'église catholique, dont ils sont la plus fanatique, la plus intolérante incarnation, n'a pas modifié son état d'esprit. (...) L'Eglise n'a pas désarmé. Elle est prête à persécuter, aujourd'hui comme autrefois. Elle veut dominer le monde entier. |
Ce
n’est pas un chapitre, c’est
un volume entier, et un gros volume, qu’il faudrait
écrire, si
l’on
voulait énumérer les différentes
catégories
de tourtes et de nouilles qui évoluent sur la
planète
(...) Mais il y a des petites girouettes imbéciles, en quantité innombrable. Elles changent d’opinion sans savoir pourquoi ni comment, parce qu’on leur dit de changer. Le cerveau de ces gens-là doit ressembler à une éponge : il absorbe tout ce qu’on lui présente. (...) Eblouir les autres ! Mâles ou femelles, ils ne pensent qu’à cela ; ils ne vivent que pour cela. En boucher un coin aux copains et surtout aux copines, avec une robe neuve, un chapeau dernier cri. Quand ils vont visiter des amis, ce n’est pas par amitié, c’est pour les faire bisquer en étalant un manteau « qu’ils n’avaient pas encore vu », des bottines et un sac à main inédits. Et les autres seront obligés d’admirer, ou de faire semblant, la mort dans l’âme. (...) Quel plaisir peut-on éprouver à éblouir des imbéciles ? Des esprits superficiels, dont l’opinion ou le jugement n’ont absolument aucune importance et aucune valeur ? C’est au fond pour les dominer, leur faire croire qu’on a du pèze en masse et qu’on ne se refuse rien, se griser d’une supériorité factice – et souvent même inexistante. (...) Parmi les actions quotidiennes de l’homme combien sont vraiment libres, spontanées, sincères ? Pas beaucoup. On obéit à la routine, à l’habitude, à la mode. (...) La servitude de la mode, jusqu’à présent, pesait surtout sur les femmes. Mais les hommes d’aujourd’hui, les jeunes surtout, se montrent aussi stupides, aussi moutons. Cela tient sans doute à leur médiocrité mentale, au vide désolant de leur cerveau ; à leur manque absolu de personnalité. Nos contemporains sont complètement privés d’originalité : L’humanité ressemble à un grand troupeau. On pense en série. On agit de même. (...) Tout le monde est hypocrite. L’ambiance nous y oblige. Moi comme les autres. Il est presque impossible d’être franc et sincère, dans toutes les circonstances et avec tous les individus. On ne peut pas toujours proclamer la vérité, dire carrément ce que l’on pense. On craint de déplaire ou de froisser. Alors on fait semblant d’approuver des choses qui nous répugnent. Une telle attitude n’est pas reluisante.(...) Par moment la vie elle-même me dégoûte. Je la trouve tellement grise, monotone, quotidienne... Et sans issue. A quoi bon tant lutter, tant souffrir, tant peiner, puisqu’il faudra, bientôt peut-être (et très rapidement, de toutes façons) renoncer à tout et succomber devant la mort – encore une belle dégoûtation. Répéter toujours les mêmes paroles, et refaire interminablement des gestes identiques, on s’en fatigue... Et certains jours, l’accablement est si grand que l’on cède à l’amertume. On est sur le point de lâcher pied et de renoncer à tout. (...) On ne devrait pas trop demander à la vie. On ne devrait pas trop réfléchir, pas trop penser, pas trop rêver. Les exigences du cœur et de l’esprit, quand elles sont trop grandes, finissent par vous accabler. Au fond, pourquoi les hommes tiennent-ils tant à la vie ? Je le comprends de moins en moins. Ils s’ennuient. Ils souffrent. Ils n’arrêtent pas de récriminer et de geindre. (...) Ils imaginent les amusements les plus variés et les plus cocasses et le lendemain d’une cuite répugnante, ils vous diront : « J’ai bien rigolé ! ». Mais ils ne donnent le change à personne. S’ils arrivent à s’étourdir, la tristesse et l’ennui les reprennent bien vite... (...) Ils ne s’amusent guère, mais ils font semblant de s’intéresser à une foule de choses qui sont à la mode, pour faire comme les autres, pour ne pas avoir l’air d’être des arriérés. (...) D’accord. Je suis déterministe. Je sais que les individus sont le produit du milieu dans lequel ils vivent et par lequel ils sont façonnés. C’est pour cela que je n’ai pas de haine contre eux. Du dégoût, oui. De la haine, non. Car ce n’est pas leur faute s’ils sont ridicules, égoïstes, jaloux et cruels. La vipère non plus n’est pas responsable. Ce n’est pas sa faute si elle est née vipère et si elle possède un mortel venin. On l’écrase quand même, la vipère... |
"
Quelques-uns des discoureurs de l'opinion adverse me
forcèrent à quitter le chantier, sous peine de dégringoler d'un échafaudage.
Seul, ne pouvant envisager aucune résistance, j'optai pour la première
alternative et je partis, plus riche d'une expérience. Je m'en
allai plein de dégoût, mais si empoigné qu'il m'aurait été désormais tout à
fait impossible de tourner le dos à cette situation (...) Alors je me demandai en moi-même : Sont-ce donc là des hommes dignes d'appartenir à un grand peuple ? Angoissante question : car si c'est oui, un tel peuple justifie t-il les peines et les sacrifices qu'exige des meilleurs la lutte qu'ils devront livrer ? Et si c'est non, notre peuple est vraiment bien pauvre en hommes. En ces jours d'inquiétude, d'anxiété et de méditation profonde, je voyais grossir l'armée menaçante de ceux qui étaient perdus pour leur peuple (...) Qu'un homme se lève, renseigné à fond sur la détresse de son peuple, et que, sachant parfaitement de quoi il souffre, il essaie sérieusement de le soulager : dès qu'il aura fixé le but à atteindre et choisi la voie qui peut y conduire, aussitôt des esprits étroits et même très étroits surveilleront attentivement et passionnément les agissements de cet homme, qui aura attiré sur lui les regards du public. Je comparerai ces gens-là aux moineaux qui ont l'air de se désintéresser de tout, mais observent, au contraire, longuement et avec la plus grande attention le compagnon plus heureux qui a trouvé un petit morceau de pain : et ils l'en dépouillent tout à coup, au moment où il s'y attend le moins (...). Nos hommes d'Etat de pacotille font, en comparaison, figure de pitoyables nains, et quel dégoût vous saisit à la gorge quand ces zéros se permettent l'inconvenance de critiquer un homme qui leur est mille fois supérieur ! " (Adolf Hitler, Mein kampf, 1926)
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Gaétan
Delaunay, en 1880, lie
anticléricalisme et racisme : Les religieux sont "moins verticaux que les laïques" ; "leur direction un peu oblique rappelle celle des Hottentots". "Ils marchent les genous fléchis et ont très peu de mollets, ce qui les rapproche des nègres". "Leur lèvre inférieure (...) avance comme chez les nègres prognathes, l’arcade dentaire étroite comme chez les idiots (...) et l’espace interorbitaire est petit, signe d’infériorité qui prouve l’étroitesse du cerveau (...)" Extrait
de Histoire naturelle du
dévôt, Dr
Gaétan
Delaunay, Paris Strauss, 1880
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Extrait
de "La
bible amusante" de
Léo Taxil
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"Et
Jésus était aussi barbare, aussi
rétrograde, aussi
magicien que son entourage incrédule, ignare et
superstitieux. Les Juifs de son temps étaient détenteurs d'une mentalité exactement semblable à celle des Arabes et des Nègres d'aujourd'hui." La
Vie comique de Jésus.
André Lorulot. Ed.
L'idée Libre 1934
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Il faut
enseigner aux hommes qu’ils n’ont pas le droit de
créer plus d’enfants qu’ils
ne peuvent en élever raisonnablement. Il faut leur dire que
c’est un crime que
d’imposer la vie à de futurs malheureux
— ou
à des malades, à des souffreteux. Les lois de la
sélection
humaine consciente doivent
être
étudiées et répandues
(...).
L'église et la guerre. André Lorulot (1932) |
... En favorisant
consciemment et systématiquement la fécondité des éléments les plus robustes de
notre peuple. on obtiendra une race dont le rôle sera, du moins tout d'abord,
d'éliminer les germes de la décadence physique et, par suite, morale, dont nous
souffrons aujourd'hui. Car, lorsqu'un peuple et un Etat se seront engagés dans cette voie, on se préoccupera tout naturellement de développer la valeur de ce qui constitue la moelle la plus précieuse de la race et d'augmenter sa fécondité pour qu'enfin toute la nation participe à ce bien suprême : une race obtenue selon les règles de l'eugénisme. (Adolf Hitler, Mein kampf, 1926)
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-
Les
femmes sont-elles favorables à l’esprit
moutonnier ? - Elles l’assimilent et l’observent mieux que les hommes. Les qualités qui caractérisent le parfait Mouton se développent chez la femme d’une façon extraordinaire. A quoi tient cette supériorité « moutonnière » de la femme ? A son tempérament. Etant plus faible que l’homme, elle craint davantage l’Autorité. Elle aime à être dirigée et dominée. Certaines femmes poussent très loin l’amour…de la cravache. Les mauvais traitements imposés par leur Maître semblent leur procurer parfois une véritable jouissance. Aussi les femmes sont-elles bien éloignées, à part quelques exceptions, de vouloir s’émanciper. (...) La Femme est misonéiste ; elle a horreur du changement. Elle ne croit pas au progrès. (...) La mentalité féminine ressemble beaucoup à celle de l’enfant. Elle subit le prestige de l’uniforme, de beaux képis, des galons et des décorations. Voilà ce qui la subjugue. Elle aime le brillant officier comme elle aime le boxeur, le chanteur langoureux, le toréador, l’aviateur, ou le souteneur à face bestiale, tandis qu’elle dédaigne ou méprise le penseur, le savant ou le philosophe. Il lui faut du panache et du biceps, deux choses qui s’accordent parfaitement avec le vide du cerveau. (...) la Femme est avant tout dominée par le désir de paraître ; elle vit pour la galerie. N’ayant guère de vie intérieure, sa préoccupation essentielle consiste à briller, à être admirée. Elle tient compte, avant tout, de l’opinion des autres, et c’est cela qui caractérise le parfait Mouton. - Le sexe masculin ne se laisse-t-il pas, lui aussi, gouverner par la Mode ? - Assurément, mais à un moindre degré. Pour la Femme, le souci de ses vêtements, de ses chapeaux, manteaux, chaussures, bijoux, fourrures et falbalas variés, absorbe au moins les trois-quarts de son activité. (...) Extrait
du Catéchisme du
parfait mouton. André
Lorulot. Ed L’idée Libre, Herblay
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"De même que la femme
est peu touchée par des raisonnements abstraits, qu'elle éprouve une indéfinissable
aspiration sentimentale pour une attitude entière et qu'elle se soumet au fort
tandis qu'elle domine le faible, la masse préfère le maître au suppliant, et se
sent plus rassurée par une doctrine qui n'en admet aucune autre près d'elle,
que par une libérale tolérance. La tolérance lui donne un sentiment d'abandon ;
elle n'en a que faire. Qu'on exerce sur elle un impudent terrorisme
intellectuel, qu'on dispose de sa liberté humaine : cela lui échappe complètement,
et elle ne pressent rien de toute l'erreur de la doctrine. Elle ne voit que les
manifestations extérieures voulues d'une force déterminée et d'une brutalité
auxquelles elle se soumet toujours." (Adolf Hitler, Mein Kampf, 1926)
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Deux caricatures
du Juif dans "La
vie comique de Jésus" de Lorulot en
1934... et
en 1941, dans une
exposition nazie. Des ressemblances évidentes. |
||
" Marie
s'était
assise au pied de Jésus, contemplant ses yeux bleus, sa
barbe et
son nez en quart de brie" André
Lorulot. La
vie Comique de
Jésus. Ed
L'idée libre 1934. p170
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L'anticlérical raisonne tout comme l'antisémite ; il voit lui aussi, partout, des influences occultes et des moteurs secrets. La différence est que l'un attribue tout au génie corrupteur d'Israël, tandis que l'autre rejette tout sur l'esprit d'intrigue et de domination de Loyola. (...) C'est que l'antijuif et l'antijésuite sont deux visionnaires, également atteint d'une monomanie soupçonneuse, analogue à la folie des persécutions, qui leur fait voir partout un ennemi secret et omnipotent. |
Il
n’est pas superflu en nous reportant dix ans en
arrière de
nous rappeler l’attitude et les paroles de certaines
fractions
très avancées des partis politiques de
l’époque. Avec quelles tirades
enflammées, avec
quels programmes chambardeurs n’est-on pas parvenu
à
embrigader la masse ouvrière et à la pousser en
avant ; pour sortir du bagne un grand capitaine, juif et
millionnaire (...). |
Après
avoir interprété le rêve de Pharaon,
Joseph, "en
bon juif", se rend compte
qu'il
a "un
filon à exploiter". Les enfants d'Israël sont un peuple de lâches, "toujours disposés, pour avoir la vie sauve, à livrer leurs épouses ou leurs fillettes à la prostitution des rois ou au sadisme échevelé des foules ivres de sang et d'ordure" |
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André Lorulot
(A ne pas confondre avec l'abbé Pierre, malgré la ressemblance) |
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Les guerres
napoléoniennes ont aliéné à
la France les
sympathies de l’Europe, c’est un
fait. Mais ces guerres n’étaient-elles pas une
réaction contre la politique
cléricale et monarchique, qui visait à encercler
la
France révolutionnaire et à
abattre brutalement la déclaration des droits de
l’Homme
et du Citoyen ?
Cette déclaration ne fut-elle pas condamnée
solennellement par le Pape ?
Le même pape ne fut-il pas l’instigateur des
guerres de
Vendée — et du régime
terroriste qui devint par la suite indispensable. |
Certains
ont
insinué que c’était
l’Allemagne, tellement
son désir était grand de précipiter
les choses. Personne ne prend au sérieux une semblable
fantaisie. Par
contre, au
lendemain de l’assassinat, on apprenait que le dit Villain était
membre
du Sillon
de Marc Sangnier.
C’est le propre
père de Villain qui en fit la
confidence à un rédacteur du Matin. Le
Sillon
n’était pas
considéré, en
effet, comme une entreprise de violence, mais comme un mouvement
démocratique
et libéral. L'église et la guerre. André Lorulot (1932) |
"Bienheureux
les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu"
(Quelle erreur ! Ils seront appelés bolchevicks, vendus
à
l'Allemagne et défaitistes ... par les cléricaux)
La vie comique de Jésus. André Lorulot (1934) |
À la tête de l’armée française, les Jésuites ont placé le général Weygand (« il est enfoncé dans les curés jusqu’au cou », disait Clémenceau). Or ce général-capucin, tout récemment encore, a prononcé un discours des plus chauvins, rempli de méfiance à l’égard de l’Allemagne, à l’heure même où MM Laval et Briand allaient négocier à Berlin. L'église et la guerre. André Lorulot (1932) |
D'autres
libres-penseurs, soudainement et
mystérieusement en possession de suffisamment d'argent,
éditeront à cent mille
exemplaires et diffuseront en
septembre 1939 le
tract "Paix immédiate", qui
est un appel à ne pas résister.
TEXTE COMPLET DU TRACT
"PAIX
IMMEDIATE"
Malgré tout l'effort des pacifistes sincères, le sang coule. Déjà presque toute l'Europe est dans la guerre. Le monde entier va sombrer dans le sang des hommes. Tous le savent, tous le sentent. La tristesse infinie des mobilisés eux-mêmes et la douleur pathétique de leurs proches en sont la preuve. Pas de fleurs aux fusils, pas de chants héroïques, pas de bravos au départ des militaires et l'on nous assure qu'il en est ainsi chez tous les belligérants. La guerre est donc condamnée dès le premier jour par la plupart des participants de l'avant et de l'arrière. Alors faisons vite la paix. N'attendons pas qu'elle nous soit offerte par les fauteurs de guerre. Le prix de la paix ne sera jamais aussi ruineux que le prix de la guerre. Car on ne construit rien avec la mort. On peut tout espérer de la vie. Que les armées, laissant la parole à la raison, déposent les armes ! Que le coeur humain trouve son compte dans une fin très rapide de la guerre. Réclamons la paix ! Exigeons la paix ! Signataires : Alain, Victor Margueritte, Germaine Decaris, Félicien Challaye, Vigne, Georges Dumoulin, Georges Pioch, Lucien Jacques, Thyde Monnier, Giroux, Lecoin, Charlotte Bonnin, Yvonne et Roger Hagnauer, Vives, Marie Langlois, Robert Tourly, René Gérin, Maurice Wullens, Henri Poulaille, Marceau Pivert, Zoretti, Georges Yvetot, Jeanne et Michel Alexandre, Robert Louzon, Hélène leguerre, Léon Emery, Henri Jeanson, Jean Giono. |
Au
début
de la guerre, le gouvernement Pétain ordonna à la
Libre Pensée de cesser toute activité. Tout en
jouant les rebelles, elle obéit. Il n'existe aucun document
prouvant l'existence d'une Libre-Pensée clandestine. En 1940, la priorité d'André Lorulot, le principal animateur de la LP, n'est pas la résistance aux nazis, mais bel et bien la négociation avec eux pour faire reparaître son journal, l'Idée Libre. Il entre en pourparlers, sans état d'âme, avec les Kommandantur de Versailles et de Paris. Dans ses lettres à Jean Bossu, il se plaint du refus de ses manuscrits par la censure alors qu'ils sont "tout à fait anodins". En tout cas, il faut en déduire qu'ils ne sont pas antinazis. Fin 1943, il se plaint d'être déchu de sa qualité de libraire. "On veut favoriser les gros en éliminant les petits". L'ennemi n'est pas le nazisme, mais la concurrence déloyale. En 1945, il se plaint encore du manque de papier pour son activité d'imprimeur. Cette fois-ci, la faute n'est pas dûe aux nazis, mais c'est pire : "Vous avouerez que nos Jésuites vont fort, plus fort même que les Allemands ! C'était pas la peine de faire tant de bluff après la Libération..." (lettre du 24 mars 1945 à Jean Bossu). Des orateurs connus de la Libre Pensée, comme l'ex-abbé Jules Claraz, ou Sébastien Faure (qui mourra en 1942), prennent le chemin de la Collaboration avec les nazis. Des libres penseurs célèbres comme Alexandre Zevaès et bien d'autres (voir Bête immonde et Roparz) feront eux aussi le choix allemand. Simon Epstein, auteur de l'essai Les dreyfusards sous l'occupation analyse le cas de Victor Margueritte, libre penseur et signataire du tract Paix immédiate : "Des gens comme Victor Margueritte préfèrent la paix, dans leur échelle de valeur, à leur compassion pour les Juifs. Ils pensent que ceux qui protestent contre les persécutions en Allemagne veulent déclencher une nouvelle guerre. Ils assimilent l'antiracisme à un acte d'hostilité à l'égard d'une Allemagne qu'ils jugent, somme toute, pacifique et champêtre." Dans son ensemble, la Libre Pensée a approuvé en 1939 la stratégie de non-résistance de Louis Lecoin. Le tract Paix immédiate est signé par le philosophe Alain, Marcel Déat (futur chef de la collaboration), Félicien Challaye et Jean Giono (dénoncés comme collaborateurs par le CNE après la guerre), Marcel Yvetot (vieux libre-penseur, un des fondateurs de la CGT). Les communistes, qui soutiennent à l'époque le pacte germano-soviétique, poursuivent une stratégie très voisine. Les signataires de "Paix immédiate" qui se dédisent (comme Déat) furent traités de dégonflés par les communistes. Tout ceci n'empêche pas les libres-penseurs d'être en 1944 parmi les épurateurs les plus féroces. Sans avoir jamais résisté eux-mêmes à titre collectif, ils dénoncent dans le numéro 1 du journal La Libre Pensée (avril 1945) les... résistants catholiques. Ceux-ci, qui ont payé lourdement le prix du sang depuis d'Estienne d'Orves, sont accusés de protéger le clergé. La Libre Pensée, qui se considère désormais comme résistante, conclut que le clergé était forcément et unanimement collaborationniste. Résumons. Avant la guerre, la Libre Pensée a exprimé ses penchants antisémites, racistes, antiféministes. Pendant la guerre 39-45, elle a largement démontré qu'elle était compatible avec le nazisme. Après la guerre, elle veut soumettre les autres à un devoir de mémoire, pour éviter de s'y soumettre elle-même. Soyons réalistes ; il ne faut pas demander la grandeur de l'âme à ceux qui en nient l'existence. |
"Non aux transferts de compétences" : L'énarque parisien est-il le réceptacle de la compétence et le garant de l'unité française ? |
Manifestation nationale
Le samedi 11 décembre 1999 à 16H De la Nation à la République Pour la défense de l’unité et de l’indivisibilité de la République de la démocratie et de la laïcité A l’initiative de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, réunie en congrès national à saint-Jean-de-Moirans du 26 au 28 août 1999, les militants, les laïques, les républicains, les démocrates et les associations soussignés décident de s’adresser aux citoyens de ce pays. L’unité de la République est menacée Le
7 mai 1999, le
gouvernement a signé la Charte européenne des
langues régionales et
minoritaires, élaborée par le Conseil de
l’Europe qui, dans la droite ligne des
diverses institutions européennes, entend promouvoir une
Europe des régions remettant
ainsi en cause la souveraineté des Etats-nations.
(...)
Cette Charte s’inspire d’un modèle de société contraire à l’unité de la République.(...). De plus en plus de pouvoirs et de décisions sont transférés aux régions et à leur superstructure : l’Union européenne. (...) En 1958, à l’appel notamment de la Libre Pensée, de nombreux citoyens ont voté contre [la] Constitution, la considérant comme antidémocratique. Une majorité a voté pour. Aujourd’hui, nous dénonçons ces projets de révision qui inscrivent officiellement la Charte européenne comme un instrument contre l’unité de la République et de la Nation. (...) |
Jules Simon est le père fondateur de la Libre-Pensée française. Voici son portrait, qui éclaire l'esprit libre-penseur d'aujourd'hui... Simon
Jules (Lorient 1814 - Paris 1896). Agrégé de philosophie,
il suppléa Victor Cousin à la Sorbonne (1839). Il fut
élu député en 1848 et refusa, en 1852, de
prêter serment à Napoléon III. Son opposition fut
toutefois toujours modérée, comme son caractère,
mais celà lui permit d'avoir l'air d'être un
républicain fidèle, alors qu'il n'était qu'un
bourgeois prudent. Il fut l'un des trois Jules du Gouvernement de la
Défense Nationale et sut, aussi bien que les autres, trahir
patriotiquement le peuple de Paris. Thiers le garda comme ministre de
l'Instruction publique et n'eut qu'à se féliciter de
son ardeur à réprimer toute
vélléité d'approbation de la Commune dans le corps
enseignant. L'Assemblée Nationale fut moins reconnaissante : les
cléricaux y suscitèrent une opposition qui l'obligea
à démissionner, en mai 1873. Il fut par la suite
président du Conseil de décembre 1876 à mai 1877 ;
cette fois ce fut Mac-Mahon qui le renversa en lui envoyant
publiquement une lettre insolente, qui entraîna sa
démission. Ainsi put-il conserver sa réputation de bon
républicain, et sa mine, si bien décrite par
Vallès : "Patouillard, félin, avec des gestes de
prêtre, les roulement d'yeux d'une sainte Thérèse
hystérique, de l'huile sur la langue et sur la peau..."
(Bernard NOËL, Dictionnaire de la Commune Tome 2, Ed Flammarion Paris 1978, p 237)
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Histoire
chronologique de la Libre Pensée : 1848 : Apparition des premières associations de libres penseurs en France. Le chef de file en est Jules Simon (en 1886, celui-ci sera président d’honneur de la Ligue nationale contre l’athéisme...). 1862 : Création du groupe Agis comme tu penses, Association internationale de libres penseurs. 1866 : Création du journal La Libre Pensée. Les collaborateurs de ce journal sont anti-religieux et matérialistes. Très influencés par Darwin, ils introduisent dans la gauche française les thèses déterministes et racistes, glorifiant les Aryens comme race supérieure. Voir Gellion-Danglar, Flourens, Regnard, Tridon. Cette société est cannibalisée par la Fédération de la Libre Pensée parisienne, plus attirée par la dictature que par le pluralisme. Selon Jacqueline Lalouette, ceux-ci « étaient, eux, non seulement athées et matérialistes, mais entendaient encore que tout le monde le fut ». Sous la direction d’André Berthelot, fils de Marcelin Berthelot, en réaction contre l’Union fédérative, appel aux libres penseurs à se grouper en « cercles civiques ». La même année, les communistes créent l’Union fédérale des libres penseurs révolutionnaires de France qui deviendra, en 1932, l’Association des Travailleurs sans Dieu. Aragon était membre du bureau. 1995 : Création de l'Association des Libres-penseurs de France, "Association loi 1901 déclarée à la Préfecture de PARIS créée après la prise de pouvoir des trotskistes lambertistes à la Fédération nationale de la Libre Pensée. Elle a pour but de rassembler tous les camarades de France qui dégoûtés des positions politiques de la Fédération nationale l'ont quittée et ont abandonné leur militantisme libre penseur. L'ADLPF est membre de l'Union Mondiale des Libres Penseurs." (voir site ) Aujourd'hui, la Libre
Pensée se prend pour
la police culturelle de Gambetta.
Il faudrait les prévenir que le grand homme a eu un grave accident en 1882 et qu'il n'a pas survécu. |