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Hugo (Victor)Ecrivain (en)gagé (1802-1885) |
L'épouvante, qui est une sorte de colère, était toute prête dans les âmes, et les tanières étaient toutes prêtes dans les bois, quand la république française éclata. La Bretagne se révolta, se trouvant opprimée par cette délivrance de force. Méprise habituelle aux esclaves. C'étaient des clans, comme en Ecosse. Chaque paroisse avait son capitaine. Cette guerre, mon père l'a faite, et j'en puis parler. La Vendée a fini la Bretagne La Bretagne est une vieille rebelle. Toutes les fois qu'elle s'était révoltée pendant deux mille ans, elle avait eu raison ; la dernière fois elle a eu tort. Et pourtant au fond, contre la révolution comme contre la monarchie, contre les représentants en mission comme contre les gouverneurs ducs et pairs, contre la planche aux assignats comme contre la ferme des gabelles, quelque fussent les personnages combattants (...), c'était toujours la même guerre que la Bretagne faisait, la guerre de l'esprit local contre l'esprit central. Ces antiques provinces étaient un étang ; courir répugnait à cette eau dormante ; le vent qui soufflait ne les vivifiait pas, il les irritait. Finistère, c'était là que finissait la France, que le champ donné à l'homme se terminait et que la marche des générations s'arrêtait. Halte ! criait l'océan à la terre et la barbarie à la civilisation. Toutes les fois que le centre, paris, donne une impulsion, que cette impulsion vienne de la royauté ou de la république, qu'elle soit dans le sens du despotisme ou dans le sens de la liberté, c'est une nouveauté et la Bretagne se hérisse. Laissez-nous tranquilles.(...). En somme, en démontrant la nécessité de trouer dans tous les sens la vieille ombre bretonne et de percer cette broussaille de toutes les flèches de la lumière à la fois, la Vendée a servi le progrès. Les catastrophes ont une sombre façon d'arranger les choses " |
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Sous Louis Philippe, le
futur grand
démocrate est donc pair de France. Lors de la
révolution
de 1848, il est nommé député et maire.
Il est
ouvertement opportuniste et décrit sa position de la
façon suivante :
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" Lamartine se leva à mon entrée. Sur sa redingote boutonnée comme d'habitude, il portait en sautoir une ample écharpe tricolore. Il fit quelques pas à ma rencontre et, me tendant la main : "Ah! Vous venez à nous, Victor Hugo! C'est pour la République une fière recrue ! - N'allez pas si vite, mon ami ! lui dis-je en riant, je viens tout simplement à mon ami Lamartine. Vous ne savez peut-être pas qu'hier, tandis que vous combattiez la Régence à la Chambre, je la défendais place de la Bastille ". (Choses vues) |
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" Dans une autre disposition d'esprit, je n'aurais pu m'empêcher de rire de l'inepte vanité des noirs ". |
" Le moyen
ridicule qu'il (Biassou) venait d'employer avec tant de
succès *
pour déconcerter les ambitions toujours si exigeantes dans
une
bande de rebelles, me donnait à la fois la mesure de la
stupidité des nègres et de l'adresse de leur chef
" * Toussaint-Louverture s'est servi plus tard du même expédient avec le même avantage (note de Victor Hugo). |
" Que
serait l'Afrique sans les blancs ? Rien ;
un bloc de sable ; la
nuit ;
la paralysie ; des paysages lunaires.
L'Afrique n'existe que parce que
l'homme blanc l'a touchée.
" " Est-ce que vous voyez le barrage ? Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce morceau inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité, -l'Afrique. Quelle terre sue cette Afrique ! L'Asie a son histoire, l'Amérique a son histoire, l'Australie elle-même a son histoire ; l'Afrique n'a pas d'histoire. Une sorte de légende vaste et obscure l'enveloppe. Rome l'a touchée, pour la supprimer ; et, quand elle s'est crue délivrée de l'Afrique, Rome a jeté sur cette morte immense une de ces épithètes qui ne se traduisent pas : Africa portentosa ! (Applaudissements). C'est plus et moins que le prodige. C'est ce qui est absolu dans l'horreur. Le flamboiement tropical en effet, c'est l'Afrique. Il semble que voir l'Afrique, ce soit être aveuglé. Un excès de soleil dans un excès de nuit. Eh bien, cet effroi va disparaître. Déjà les deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l'Angleterre, ont saisi l'Afrique ; la France la tient par l'ouest et par le nord ; l'Angleterre la tient par l'est et le midi. Voici que l'Italie accepte sa part de ce travail colossal. L'Amérique joint ses efforts aux nôtres ; car l'unité des peuples se révèle en tout. L'Afrique importe à l'univers. Une telle suppression de mouvement et de circulation entrave la vie universelle, et la marche humaine ne peut s'accomoder plus longtemps d'un cinquième du globe paralysé. De hardis pionniers se sont risqués, et, dès leurs premiers pas, ce sol étrange est apparu réel ; ces paysages lunaires deviennent des paysages terrestres.La France est prête à y apporter une mer. Cette Afrique farouche n'a que deux aspects : peuplée, c'est la barbarie ; déserte, c'est la sauvagerie (...). Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l'Europe fera de l'Afrique un monde. (Applaudissements) Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L'Europe le résoudra. Allez, Peuples ! emparez-vous de cette terre. Prenez là. A qui ? à personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l'industrie; non pour la conquête, mais pour la fraternité.(applaudissements prolongés). Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes; croissez, cultivez, colonisez, multipliez." |
"
Ajournement de toutes les fraternités ; où il y
avait
l'espérance, il y a la menace ; on a devant soi une
série
de catastrophes qui s'engendrent les unes les autres et qu'il est
impossible de pas épuiser ; il faudra aller jusqu'au bout de
la
chaîne. (...) Tout ce qui a été fait doit être défait. Nécessité funeste. Il y a entre l'avenir et nous une interposition fatale. On ne peut plus entrevoir la paix qu'à travers un choc et au-delà d'un inexorable combat. La paix, hélas, c'est toujours l'avenir, mais ce n'est plus le présent. Toute la situation actuelle est une sombre et sourde haine. Haine du soufflet reçu. Qui a été souffleté ? Le monde entier. La France frappée à la face, c'est la rougeur au front de tous les peuples. C'est l'affront fait à la mère. De là la haine. (...) La France a été diminuée. A cette heure, elle a une double plaie, plaie au territoire, plaie à l'honneur. Elle ne peut en rester là. On ne garde pas Sedan. On ne se rendort pas là-dessus.(...) La France a droit à l'Alsace et à la Lorraine. Pourquoi ? Parce que l'Alsace et la Lorraine ont droit à la France. Parce que les peuples ont droit à la lumière et non à la nuit. (...) Le monde ne peut accepter la diminution de la France. La solidarité des peuples, qui eut fait la paix, fera la guerre. La France est une sorte de propriété humaine. Elle appartient à tous, comme autrefois Rome, comme autrefois Athènes. On ne saurait trop insister sur ces réalités. " (Lettre
du 4 septembre 1871 aux membres du Congrès de la paix,
Genève)
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(Pour Victor Hugo, le
devoir de
mémoire est un devoir de haine )
" ...Mais vous comptez en vain, voleurs de ma Lorraine, Sur mon peu de mémoire et sur mon peu de haine, Je suis un, je suis Tous, et ce que je vous dis Tous les coeurs furieux vous le disent, bandits ! Non, nous n'oublierons pas ! Lorraine, Alsace, ô villes O chers français, pays sacrés, soyez tranquilles, Nous ne tarderons point. Le glaive est prêt déjà Que Judith pâle au flanc d'Holopherne plongea. Eternel souvenir ! Guerre ! Guerre ! Vengeance ! (Poème Alsace
et Lorraine, dans Toute la
Lyre / La corde
d'airain)
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"
La France démembrée
est une calamité humaine. La France n'est pas à
la
France, elle est au monde ; pour que
la croissance humaine soit
normale, il faut que la France soit entière ; une
province
qui
manque à la France, c'est une force qui manque au
progrès, c'est un organe qui manque au genre humain ; c'est
pourquoi la France ne peut rien concéder de la France.
Sa
mutilation mutile la civilisation " (Lettre
au Congrès de la paix, septembre 1875)
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" Subis ton
élargissement fatal et sublime, ô ma patrie, et de même qu’Athènes est devenue
la Grèce, de même que Rome est devenue la chrétienté, toi, France, deviens le
monde " (Paris)
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“ Rendons-nous compte
que la France n’est pas une patrie comme une autre ; qu’elle est le moteur du
progrès, l’organisme de la civilisation, le pilier de l’ensemble humain et que,
lorsqu’elle fléchit, tout s’écroule." (Lettre aux rédacteurs du Rappel. 31 octobre 1871)
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" les
peuples unanimes reconnaissent Paris comme le chef-lieu du genre humain
" (Discours
aux délégués des communes, le 16
janvier 1876)
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" Hommes
de Paris, c'est avec une émotion profonde que je vous parle
;
Vous êtes les initiateurs du progrès. Vous
êtes le
peuple des peuples. Après avoir repoussé
l'invasion
militaire, qui est la barbarie, vous allez accepter chez vous et porter
chez les autres l'invasion industrielle, qui est la civilisation.
" (Discours
du 16 avril 1976, pour l'exposition de Philadelphie)
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" Lyon est la
première de nos villes ; car Paris est autre chose, Paris
dépasse les proportions d'une nation ; Lyon est
essentiellement
la cité française, et Paris est la
cité humaine.
C'est pourquoi l'assistance que Paris offre à Lyon est un
admirable spectacle ; on pourrait dire que Lyon assisté de
Paris, c'est la capitale de la France secourue par la capitale du
monde. (Bravos) (...) Ayons une foi absolue dans la patrie. La destinée de la France fait partie de l'avenir humain. Depuis trois siècles la lumière du monde est française. Le monde ne changera pas de flambeau. " (Discours
aux ouvriers lyonnais. 25 mars 1877)
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" A
CEUX QUI
REPARLENT DE FRATERNITE Quand nous serons vainqueurs, nous verrons. Montrons leur, Jusque là, le dédain qui sied à la douleur. L'œil âprement baissé convient à la défaite. Libre, on était apôtre, esclave, on est prophète; Nous sommes garrottés! Plus de nations sœurs! Et je prédis l'abîme à nos envahisseurs. C'est la fierté de ceux qu'on a mis à la chaîne De n'avoir désormais d'autre abri que la haine. Aimer les allemands? Cela viendra, le jour Où par droit de victoire on aura droit d'amour. La déclaration de paix n'est jamais franche De ceux qui, terrassés, n'ont pas pris leur revanche; Attendons notre tour de barrer le chemin. Mettons les sous nos pieds, puis tendons leur la main, Je ne puis que saigner tant que la France pleure. Ne me parlez donc pas de concorde à cette heure; Une fraternité bégayée à demi Et trop tôt, fait hausser l'épaule à l'ennemi; Et l'offre de donner aux rancunes relâche Qui demain sera digne, aujourd'hui serait lâche. " |
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