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Libérations
à la française
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Après
la
guerre, l'ordre
républicain a été rétabli
outre-mer. Les horreurs commises sont attribuées au
"colonialisme". Soyons moins abstraits ; à cette
époque, elles ont
été
commises par
les Forces Françaises Libres.
On nous dit qu'elles ont combattu pour la
démocratie et la liberté
du monde. Elles ont combattu en réalité pour la France,
pour l'ordre français, pour la puissance
française. Le rétablissement de l'ordre français
outre-mer en
est une preuve irréfutable. Cet ordre n'a rien à
voir
avec la démocratie, rien à voir avec la
liberté
du monde, des peuples ou des individus.
L'action des Forces Françaises Libres ne s'inscrit pas dans une
logique de droits de l'homme mais, de façon irréfutable,
dans une logique de défense de l'empire et de maintien de la
puissance française. (voir aussi l'étude France libre
et empire colonial)
Voici un petit tour
d'horizon.
Pour les détails, se reporter aux ouvrages
spécialisés ou aux sites internet (les dates et
les noms
cités vous serviront de mots-clés).
Liban
et Syrie :
Proclamation
du
général Catroux, le 1er
juin
1941, accordant l’indépendance à la
Syrie et au
Liban :
« Au
moment où les forces de la France Libre unies aux
forces de l’Empire britannique, son allié,
pénètrent sur votre territoire, je
déclare que j’assume les pouvoirs, les
responsabilités et les devoirs de
représentant de la France au Levant (..). Je le fais au nom
de
la France Libre, qui s’identifie avec
la France traditionnelle et réelle, et au nom de son chef,
le
Général de
Gaulle.
En
cette
capacité, je viens mettre fin au régime du mandat
et vous proclame libres et indépendants, et vous pourrez
soit
vous constituer
en Etats séparés, soit vous unir en un seul Etat.
Votre
statut
souverain sera garanti par un traité dans
lequel seront définies nos relations
réciproques. »
Les
Gaullistes remplacèrent
les Pétainistes, sans respecter leurs promesses. La tension
monta. Il y
eut des
manifestations où l’on
cria : « A bas la France ! A bas
de
Gaulle ! ».
La
révolte contre la France Libre embrasa le Liban
et la Syrie, soutenue par les régimes arabes voisins.
11 novembre 1943 : Jean
Helleu,
délégué général
de la France Libre,
fait établir le couvre-feu. Le
général ordonne
l’arrestation du président de la
république libanaise, Bechara el Khoury, le
président du
Conseil Ruad Solh, et
les principaux ministres et députés.
29 mai 945, le
général de Gaulle ordonne aux avions de la
France Libre de bombarder Damas et son Parlement, causant la mort
d’environ 400
civils.
Les Anglais parviennent
à neutraliser les troupes
françaises ; les Français sont
expulsés de
Damas.
Maroc
:
1944 : Les Forces
Françaises Libres tirent sur les
manifestants, dans les principales villes du pays, après
l’arrestation des
dirigeants de l’Istiqlal. A Fès : au
moins 60 morts
7 avril 1947,
Casablanca : 65 morts et 120 blessés
Tunisie
:
Arrestations massives
après le retour du pouvoir colonial
républicain.
Algérie
:
Avril 1945 :
Déportation de Messali Hadj
Massacres du Constantinois
en mai-juin 1945
8 mai 1945 à
Sétif et Guelma : entre 6000 et 8000 algériens selon Yves
Bénot (La
décolonisation de l’Afrique française
in Le livre
noir du colonialisme, Ed
Robert Laffont 2003)
Emploi massif de la torture
à partir de 1954.
Les chiffres de la guerre
d’Algérie
Armée
française :
15 580
morts jusqu’au 19
mars 1962 ;
9 031
morts
« accidentellement » ;
2 056
morts dans la
Légion étrangère ;
environ
1 000 disparus ;
1 277
morts des suites de
blessures.
Total :
28944.
Civils
européens :
2788 morts , plus 857 disparus
Pertes
algériennes :
8000 villages incendiés. L’armée
française reconnaît avoir tué 141 000
combattants
FLN.
En fait : 2,137 millions d’Algériens et
d’Algériennes
ont été déportés dans des
camps de
« regroupement » sur une
population de 8 millions. Le nombre de morts varient, selon les
historiens
français, entre 200 000 et 500 000 morts.
Les enquêtes des historiens
algériens les mènent au chiffre
d’un million
et demi de victimes musulmanes.
(NB : Ces différences
font douter de la crédibilité des historiens. Ils sont
révélateurs, non pas d'une vérité
éclatée, mais d'une dépendance des historiens
-français et algériens- envers les enjeux historiques de
leurs républiques respectives)
Source principale : Le livre noir du
colonialisme, Marc
Ferro et al., Ed
Robert Laffont 2003
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Guinée
:
Manifestations contre le
truquage des élections. Répression sanglante
organisée par les Forces Françaises Libres.
Tirs mortels lors des
manifestations de 1945 à Conakry. Morts
et blessés non comptabilisés.
Sénégal
:
Dakar. Affaire de Thiaroye.
La France refuse de
régler la
solde des tirailleurs sénégalais.
Face aux mouvements de protestation, l'armée
française
intervient, et tire sur la foule. Morts et blessés non
comptabilisés (au moins 35 morts et 35 blessés
graves).
Cameroun
:
Meurtres et tortures par
les Forces Françaises Libres à partir de 1945
.
1950 : 21 morts
officiellement ; certainement plus
en réalité.
Madagascar
:
Le
bilan de la
répression coloniale en 1947-1948 affiche le chiffre
officiel de 89 000 morts. Ce chiffre a été
donné
par l’état-major français,
et approuvé par Jacques Tronchon, auteur de L’insurrection
malgache.
La France
a écrit à la "Libération" les pages
les plus
sanglantes de l’histoire de Madagascar.
Quelques
épisodes :
Gare de
Moramanga, mai 1947
(l'Oradour malgache) : 150 suspects torturés et
exécutés.
Manajary : plus
d’une centaine d’otages sont
exécutés.
Nouvelle
Calédonie :
M.
Christian Laigret, nommé
gouverneur de Nouvelle Calédonie
par de Gaulle en 1943, se plaint des soldats américains,
mais
seulement des Noirs :
« La
situation qui est devenue intolérable pour les
Français est la présence des troupes
américaines
de couleur. Nous avons
beaucoup de preuves de leur manque de discipline ».
M.
Laigret a
demandé que la ville de Nouméa soit interdite
aux soldats noirs américains et qu’il leur soit
assigné des camps spéciaux hors
de la ville.
(article
du New
York Times du 24
décembre 1943)

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Libérations version 1.0