Morvan_Lez_Breizh

Morvan Lez-Breizh. 818





Extrait de "Faits et Gestes de Louis Le Pieux", poème d'Ermold Le Noir



        Le récit d'Ermold Le Noir n'est pas "vrai", au sens où nous entendons aujourd'hui ce qu'est la vérité. C'est une hagiographie des Francs et de leur empereur.  Mais il exprime une vision de la différence entre les Francs et Bretons. Cette différence, assez curieusement, nous pouvons encore la reconnaître aujourd'hui.
 
       La préoccupation des Francs est évidente, assumée, glorifiée : c'est le pognon. L'objectif premier est de soumettre les autres peuples à un tribut. De même, faire plaisir au roi, c'est lui offrir de nouvelles richesses (matérielles, bien sûr). 
        L'argent ne nourrit guère de sentiments élevés ; les sujets de l'empereur, décrit par Ermold, sont pétris de flagornerie envers Louis le Pieux, appelé "César". L'avidité pour le pouvoir et l'argent se pare d'une bigoterie poussée à la caricature.
       Face à l'Empire, les Bretons sont réellement "autres". Leurs préoccupations sont radicalement différentes de celles des Francs, inacceptables, et sans doute démoniaques. C'est la liberté du pays, la fête bien arrosée, la tendresse envers leur femme. La richesse chez eux n'est pas liée à la puissance, mais "s'amasse à force de temps et de travail". 
      Peuple trop humain, hommes trop proches de leur femme et de la nature...

      D'un point de vue historique, le texte d'Ermold Le Noir contribue à bâtir une des grandes légendes françaises : l'antériorité des Francs sur les Bretons en Gaule, et même dans la péninsule armoricaine. Face à la progression de la recherche historique, cette légende s'est progressivement effritée ; mais elle a néanmoins persisté comme vérité historique officielle jusqu'au XIXème siècle.

        Le document ci-dessous est un extrait de la traduction de 1824 (Edition Brière) du poème d'Ermold Le Noir (Chant troisième). Le roi breton, qui est appelé Murman, est Morvan, qui a passé dans l'histoire et la légende sous le nom de Morvan Lez-Breizh.


          Aidé de la protection du Tout-Puissant, la gloire des armes de César (1) allait toujours croissant ; toutes les nations jouissaient des douceurs d'une paix garantie par la foi, et les soins du grand Louis portaient la renommée des Francs au-delà des mers, et l'élevaient jusqu'aux cieux. Cependant César, fidèle aux anciennes coutumes, ordonne aux principaux gouverneurs des frontières de ses États et à l'élite des ducs de se réunir autour de lui. Tous, empressés d'obéir, accourent au plaid indiqué, et font entendre des discours convenables à leur haute dignité.

             Parmi eux se distingue le noble Lambert (2) issu de la race des Francs. Poussé par son zèle, il arrive en toute hâte de la province qu'il commande. C'est à lui qu'est confiée la garde de ces frontières qu'autrefois une nation ennemie, fendant la mer sur de frêles esquifs, envahit par la ruse. Ce peuple, venu des extrémités de l'univers, était les Brittons, que nous nommons Bretons en langue franque. Manquant de terres, battu par les vents et la tempête, il usurpe des champs, mais offre d'acquitter des tributs au Gaulois, maître de cette contrée à l'époque où parut cette horde vomie par les flots ennemis. Les Bretons avaient reçu l'huile sainte du baptême ; c'en fut assez pour qu'on leur permit de s'étendre dans le pays, et de cultiver paisiblement les terres où ils s'étaient établis. Mais à peine ont-ils obtenu de jouir des douceurs du repos qu'ils allument d'horribles guerres, se disposent à remplir les campagnes de nouveaux soldats, présentent à leurs hôtes la lance meurtrière pour tout tribut, leur offrent le combat pour tout gage de reconnaissance, et les payent de leur bonté par une insultante hauteur.         

          Le Franc renversait alors de ses armes triomphantes des royaumes dont la soumission lui paraissait entraîner une lutte plus pénible : aussi la conquête de cette contrée fut-elle ajournée pendant un si grand nombre d'années que les Bretons, se multipliant chaque jour davantage, couvrirent bientôt tout le pays : aussi, encore enflés de trop d'orgueil, ils ne se contentèrent plus du sol où ils étaient venus mendier un asile, et portèrent la dévastation jusque sur les États des Francs. Malheureuse et aveugle nation! parce qu'elle est faite à de misérables combats, elle se flatte de vaincre le Franc impétueux !           

         César cependant, attentif à imiter les exemples de ses aïeux, interroge Lambert, l'invite à lui faire sur tout un exact rapport : Quel culte cette nation rend-elle au Seigneur? Quelle foi professe-t-elle? De quels honneurs jouissent parmi elle les églises du vrai Dieu ? quelles passions animent ce peuple ? Aime-t-il la justice et la paix ? Respecte-t-il la royauté ? Mérite-t-il notre bonté ? Nos frontières n'ont-elles surtout aucune insulte à redouter de sa part ? lllustre Franc, dit Louis, je t'en conjure, satisfais complètement à toutes ces questions.         

            Lambert s'incline, embrasse les genoux de l'empereur, et répond en ces termes que lui dicte son cœur fidèle : « Cette nation trompeuse et superbe s'est montrée jusqu'ici rebelle et sans bonté. Dans sa perfidie, le Breton ne conserve du chrétien que le nom ; les oeuvres, le culte, la foi, il n'en est point chez lui ; les orphelins, les veuves, les églises n'ont rien à attendre de sa charité. Chez ce peuple, le frère et la sœur vivent dans une infâme union ; le frère enlève la femme de son frère; tous s'abandonnent à l'inceste, et nul ne recule devant aucun crime. Ils habitent les bois, n'ont d'autres retraites que les cavernes, et mettent leur bonheur à vivre de rapine comme les bêtes féroces. La justice n'est parmi eux l'objet d'aucun culte, et ils ont repoussé loin d'eux toute idée de juste et d'injuste. Murman (3) est leur roi, si cependant on peut appeler roi celui dont la volonté ne décide de rien. Souvent ils ont osé se montrer jusque sur nos frontières, mais ils n'ont jamais regagné les leurs sans être punis de cette témérité. » Ainsi parle Lambert.       

           Le pacifique et pieux César, si célèbre par tous les genres de mérite, lui répond : « Le récit dont tu viens, Lambert, de frapper nos oreilles nous est bien pénible à entendre, et nous paraît au dessus de toute croyance. Quoi ! une nation errante jouit des terres de notre Empire sans acquitter aucun tribut, et pousse encore l'orgueil jusqu'à fatiguer nos peuples par d'injustes guerres! A moins que la mer qui apporta ces hommes ne leur offre un refuge, c'est par les armes qu'il faut châtier leur crime ; l'honneur et la justice le commandent. Mais avant tout qu'un envoyé se rende en notre nom auprès de leur roi, et lui porte nos propres paroles. Ce roi a reçu les saintes eaux du baptême, et c'est assez pour que nous croyions devoir l'avertir, par cette démarche, du sort qui le menace. »

         L'empereur alors appelle Witchaire (4), homme probe, habile et d'une sagesse éprouvée, que le hasard avait amené à l’assemblée. « Cours, Witchaire, dit Louis, porte au tyran de ce peuple nos ordres souverains; répète-les-lui dans les termes où nous allons te les dire et confier ; dis-lui bien que l’effet suivra de près la menace. Lui et les siens cultivent dans notre Empire de vastes terres ou la mer les a jetés comme de misérables exilés condamnés à une vie errante. Cependant il nous refuse un juste tribut (5), veut en venir à des combats, insulte les Francs, et porte contre eux ses armes. Depuis que, par la bonté de Dieu et sur la demande de toute la nation, nous sommes monté sur le trône de notre père et avons ceint la couronne impériale, nous avons supporté la conduite de ce roi, attendant toujours qu'il se montrât fidèle, et vint lui-même solliciter nos lois. Mais depuis trop longtemps déjà cet esprit perfide balance à remplir son devoir, et, pour comble de tort, le voila qui prend les armes, et nous suscite des guerres criminelles. Il est temps, il est plus que temps que ce malheureux cesse d'abuser et les siens et lui-même ; qu'il se hâte de venir humblement demander la paix aux Francs. S'il s'y refuse, vole, et reviens nous faire un rapport fidèle et détaillé. » Ainsi parle le pieux César.

           Witchaire s'élance sur son cheval, et court exécuter les ordres si sages de son maître. Ni ce roi des Bretons , ni le lieu où il a fixé sa demeure ne lui sont inconnus (6) ; près de ses frontières même Witchaire possédait une abbaye et des richesses vraiment royales qu'il tenait de la munificence de l’empereur. Non loin est un endroit qu'entourent d'un côté des forêts, de l'autre un fleuve tranquille, et que défendent des haies, des ravins et un vaste marais ; au milieu est une riche habitation. De toutes parts les Bretons y accouraient en armes, et peut-être alors était-elle remplie de nombreux soldats. Ce lieu, Murman le préférait à tout autre, et y trouvait tout ce qui pouvait lui garantir un repos assuré. Secondé par la fortune, l'agile Witchaire y arrive précipitamment, et demande à être admis à parler au roi.

           Murman n'a pas plus tôt appris qu'un envoyé du puissant Louis se présente, que son audace l’abandonne, Cependant il veut connaître la cause d'un événement si extraordinaire. Tous ses traits feignent l'espérance ; il dissimule sa terreur, affecte la joie, commande à ceux qui l'accompagnent de se montrer gais, et ordonne enfin d'introduire Witchaire.
           « Salut, Murman, dit celui-ci ; je t'apporte aussi le salut du pieux et pacifique, mais vaillant César. » Murman l'accueille bien, l'embrasse comme le veut l’usage, et lui répond sur le même ton : « Salut aussi à toi Witchaire ; puisse, je le désire, le pacifique Auguste jouir constamment de la santé et de la vie, et gouverner son Empire pendant de longues années ! »

          Tous deux s'asseyent, et font éloigner tous ceux qui les entourent. Alors commence entre eux un important entretien que chacun soutient de son côté. Witchaire prend la parole le premier pour développer l'objet de sa mission, et Murman l’écoute ; mais la sincérité ne dirige ni son oreille ni son coeur. « L'empereur Louis, dit Witchaire, que l’univers proclame la gloire des Francs, l'honneur du nom chrétien, sans égal dans l'amour de la paix et la foi à sa parole, sans rival non plus dans la guerre, le premier des princes par sa science et sa piété, m'envoie vers toi, Murman. Toi et les tiens vous cultivez dans son Empire de vastes terres où la mer vous a jetés comme de misérables exilés condamnés à une vie errante. Cependant tu lui refuses un juste tribut ; tu veux en venir à des combats ; tu insultes les Francs, et prépares tes armes contre eux. Il est temps, plus que temps, infortuné, que tu cesses d'abuser toi et les tiens, hâte-toi donc de venir demander la paix.
          Je t'ai répété les propres paroles de César ; j'en ajouterai quelques-unes, Murman, mais qui viennent de moi seul, et me sont dictées par mon attachement pour toi. Si tu exécutes sans tarder, et sans que rien t'y contraigne, les ordres de mon prince, comme lui-même t'y invite dans sa bonté, si tu désires conserver avec les Francs une paix éternelle, comme le réclament et le commandent même ton propre intérêt et celui des tiens, pars à l’heure même, cours recevoir les lois du pieux monarque, et acquitte envers lui des tributs que tu dois à lui seul et sur lesquels tu n'as aucun droit. Songe, je t'en conjure, à ta patrie, à tout ton peuple, songe à tes enfants et à la femme qui partage ton lit ; pense surtout que ta nation et toi vous avez le tort d’adorer de vaines idoles, de violer les saints commandements, et de suivre les voies du démon. Peut-être le pieux roi te renverra dans tes champs, qui alors seront bien ta propriété ; peut-être même te comblera-t-il de dons plus considérables encore. J'admets que tu fusses plus puissant que tu ne l’es, que ton Empire s'étendit sur de plus vastes terres, que tu eusses des soldats plus nombreux et une armée mieux équipée ; je veux même que toutes les nations et tous les peuples accourussent à ton secours, comme autrefois le firent pour Turnus les Rutules, l'agile Camille, les cohortes de l'antique Italie, et tous les Latins, qui cependant ne purent vaincre Enée ; je veux que tu eusses pour toi le Pyrrhus de l'Odyssée, ou le redoutable Achille, ou Pompée à la tête de l'armée avec laquelle il combattit son beau-père ; il ne te serait cependant point permis de faire la guerre aux Francs qui t'ont reçu dans leurs champs (7), et t'y souffrent par bonté. Quiconque, au reste, a commencé une fois à s'attaquer à eux, malheur à lui et à toute sa race ! Le Franc n'a point son égal en courage ; c'est son amour pour le Seigneur qui le fait vaincre, c'est sa foi qui lui assure le triomphe ; il aime la paix, et ne prend les armes que malgré lui ; mais une fois qu'il les a prises, nul n'est capable de tenir devant lui. Quiconque, au contraire, recherche la fidèle amitié du Franc et la protection de ses armes, vit heureux dans le repos et la joie. Courage donc ! plus d'inutiles délais ; ne souffre pas que des conseils ennemis t'abusent, et te précipitent dans mille malheurs divers. »

           Murman attentif tenait son front et ses yeux fixés vers la terre qu'il frappait de son pied. Déjà Witchaire, par son discours adroit et des menaces insinuées avec art, avait commencé à fléchir le Breton qui hésitait encore dans ses projets. Tout à coup la femme perfide et au cœur empoisonné de Murman sort de la chambre nuptiale, et vient d'un air superbe solliciter les embrassements accoutumés de son époux ; la première elle lui baise le genou, la barbe et le cou, et presse de ses lèvres sa figure et ses mains. Elle va, vient, tourne autour de lui, lui prodigue en femme habile les plus irritantes caresses, et s'efforce avec une adresse insidieuse de lui rendre mille tendres petits soins. L'infortuné la reçoit enfin sur son sein, la serre dans ses bras, cède à ses désirs et s'abandonne à ses douces caresses. La perfide alors se penche à son oreille, lui parle bas longtemps, et parvient bientôt à porter le trouble dans les sens et l'esprit de son époux. Ainsi, lorsqu'au milieu des forêts et dans la saison des frimas, une troupe de bergers s'empresse de livrer aux flammes le bois que la hache a coupé, l'un apporte en toute hâte les morceaux les plus propres à prendre feu ; l'autre jette de la paille au milieu du combustible le plus sec ; un troisième anime le foyer de son souffle : bientôt le bûcher pétille, s'allume, et élève ses flammes jusqu'aux astres. Les membres glacés du berger se réchauffent; mais tout à coup le tonnerre gronde ; la grêle, la pluie, la neige tombent avec fracas, et toute la forêt retentit des éclats de la foudre : le feu succombe à regret sous des torrents d'eau, et le bûcher ne donne plus, au lieu de chaleur, qu'une épaisse fumée. De même cette femme qui porte le malheur avec elle étouffe dans le cœur de son époux l’effet des paroles du sage Witchaire.

            Jetant alors sur cet envoyé des yeux pleins d'une méprisante colère, et le regardant avec hauteur, elle adresse à Murman cette perfide question : « Roi et honneur de la puissante nation des Bretons, toi dont le bras a élevé jusqu'aux cieux le nom de tes ancêtres, de quel lieu vient un tel hôte? Comment est-il parvenu jusque dans ton château? Apporte-t-il des paroles de paix ou de guerre? » Murman, lui souriant, répond en ces termes ambigus : « Ce député m'est envoyé par les Francs ; qu'il apporte ou la paix ou la guerre, c'est l’affaire des hommes ; quant à vous, femme, ne songez qu'à vous acquitter comme vous le devez des soins qui appartiennent à votre sexe. »  Witchaire n'a pas plutôt entendu cet entretien qu'il prend à son tour la parole : « Murman, dit-il, donne-moi donc enfin la réponse que tu souhaites que je reporte à mon roi ; il est plus que temps que j'aille lui rendre compte de l’exécution de ses ordres. - Souffre, répond Murman dont le cœur roulait mille tristes et inquiétantes pensées, souffre que je prenne le temps de la nuit pour me consulter avec moi-même. »

           Etendus sur la terre, les laboureurs avaient goûté les douceurs du sommeil ; déjà les chevaux du Soleil ramenaient l'aurore au sommet de la voûte azurée. L'abbé Witchaire court, dès la pointe du jour, se présenter à la porte de Murman, et demande sa réponse. Le malheureux paraît ; il est enseveli dans le vin et le sommeil, ses yeux peuvent à peine s'ouvrir ; ses lèvres, embarrassées par l'ivresse, ne s'écartent que difficilement pour laisser échapper ces mots entrecoupés par les fumées de son estomac, et dont il n'aura jamais dans la suite à se féliciter : « Hâte-toi de reporter ces paroles à ton roi : les champs que je cultive ne sont pas les siens, et je n'entends point recevoir ses lois. Qu'il gouverne les Francs ; Murman commande à juste titre aux Bretons, et refuse tout cens et tout tribut. Que les Francs osent déclarer la guerre, et sur-le-champ moi aussi je pousserai le cri du combat, et leur montrerai que mon bras n'est pas encore si faible. (8) - Nos ancêtres, réplique Witchaire, ont toujours dit, la renommée le publie, et j'en acquiers aujourd'hui la certitude, que l'esprit de ta nation se laisse entraîner à des mouvements inconstants, et que son cœur embrasse sans cesse les partis les plus opposés. Il a suffi d'une femme pour tourner l'esprit d'un homme comme une cire molle, et pour renverser par de vains propos les conseils de la prudence. Le roi Salomon nous dit dans ses préceptes de sagesse que lit fréquemment et que révère l’Église : Retirez le bois du feu, et le feu cesse sur-le-champ ; de même rejetez les sots discours, et toutes les querelles s'évanouissent. Mais puisque tu refuses de te rendre à mes conseils, je ne suis plus pour toi qu'un prophète de malheur, et je vais t’annoncer de dures vérités. Aussitôt que la France apprendra ta criminelle réponse, elle frémira d'une juste colère, et se précipitera sur tes États ; des milliers de soldats t'accableront de leurs armes ; les javelots des Francs te couvriront de blessures ; des hordes pressées de combattants rempliront tes champs, et emmèneront toi et ton peuple prisonniers dans les contrées qu'elles habitent ; tu mourras misérable, tu resteras étendu sur une terre humide, et le vainqueur triomphant se parera de tes armes. Ne t'abuse pas ; ni tes bois, ni le sol incertain de tes marais, ni cette demeure que défendent des forêts et des remparts, ne te sauveront. »
             Murman, le cœur plein de rage, se lève furieux du trône des Bretons, et lui répond avec hauteur : « Contre les traits dont tu me menaces, il me reste des milliers de chars, et à leur tête je m'élancerai, bouillant de fureur, au devant de vos coups. Vos boucliers sont blancs; mais je pourrai leur en opposer encore beaucoup que recouvre une sombre couleur : la guerre ne m'inspire aucune crainte. » (9) Ainsi se parlent ces deux guerriers, et tous deux cependant sont animés de sentiments divers

.             Witchaire part chargé de cette réponse, et court reporter au pieux monarque les coupables discours de Murman. Aussitôt César parcourt les États des Francs, et ordonne de tenir partout les armes prêtes. Sur le bord de la mer, à l'endroit ou le fleuve de la Loire y décharge ses eaux avec violence et s'étend au loin sur la plaine liquide, est une ville que les anciens Gaulois ont appelée Vannes. Le poisson y abonde, et le sol est pour elle une source de richesses. Le cruel Breton l’attaque souvent dans ses courses, et y porte, suivant son usage, tous les fléaux de la guerre. César enjoint aux Francs et à toutes les nations soumises à son Empire de se réunir dans cette cité pour une assemblée générale, et lui-même s'y rend de son côté.
             Bientôt y accourent les peuples connus de tout temps sous le nom antique de Francs : familiarisés avec la guerre, ils out leurs armes prêtes, et les portent avec eux. Des milliers de Suèves à la blonde chevelure, rassemblés par leurs centeniers, viennent d'au-delà du Rhin ; on y voit les phalanges saxonnes : elles ont de larges carquois, et avec elles marchent les troupes de la Thuringe. La Bourgogne envoie aussi une jeunesse diversement armée, qui se mêle aux guerriers des Francs, et en augmente ainsi le nombre. Mais redire les peuples et les immenses nations de l’Europe qui se pressent vers ce lieu, est une tâche que j'abandonne ; les nombrer serait impossible.

         Cependant César traverse paisiblement ses propres États. Bientôt ce grand monarque arrive aux murs de Paris (10)  ; déjà, dans sa marche triomphante, saint martyr Denis, il a revu ton monastère ou l'attendaient les dons que tu as préparés pour lui, puissant abbé Hilduin ; Germain, ce prince a ensuite visité ton temple et celui du martyr Etienne ; le tien aussi, Geneviève, l’a recu dans son enceinte. Le pieux empereur traverse ensuite les campagnes d'Orléans, et arrive au château de Vitry. C'est là, Matfried (11), que tu as disposé pour ton maître de superbes appartements, et que tu lui offres des présents magnifiques et dignes de lui plaire. Mais bientôt, quittant ce lieu, il gagne la cité d'Orléans, et va y solliciter pour ses armes les grâces et le secours de la divine croix. Alors, saint évêque Jona (12), tu accours au devant de lui, jaloux de lui rendre les hommages dus à son rang. Déjà, monastère d'Aignan, il revoit tes murs, mais ne s'y arrête que pour demander quelques provisions ; et toi, Durand, tu viens et t'empresses de mettre aux pieds de César tout ce que tu tiens de sa munificence. Louis marche ensuite vers Tours, et veut visiter les temples de l'illustre Martin et du pieux martyr Maurice. Allons, ne perds pas un moment, savant Friedgies (13), le temps presse : heureux abbé, tu vas jouir de l'arrivée de César ; offre-lui de riches présents. Déjà le puissant Martin supplie instamment le Seigneur d'accorder à ce monarque un voyage heureux. Le glorieux empereur parvient bientôt à la cité d'Angers, et va, saint Albin, honorer tes précieuses reliques. Là, Hélisachar, son serviteur chéri, se présente à sa rencontre le cœur plein de joie, et se montre soigneux d'ajouter par ses dons aux immenses richesses de son maître. César se rend ensuite dans la ville de Nantes, visite tous les temples, et dans tous offre à Dieu ses humbles prières. Là, Lambert, tu revois enfin ce roi après lequel tu soupirais de tous les vœux de ton cœur: tu le combles de présents magnifiques ; tu sollicites l’honneur de marcher contre les odieux Bretons , et tu pries César de daigner se reposer sur le secours de ton bras.
           Ma muse ne saurait redire les noms de la foule des autres comtes et grands du royaume dont ni le nombre ni les richesses ne pourraient se compter. L'illustre empereur arrive enfin à Vannes. Aussitôt, fidèle à l'usage de ses aïeux, il dispose tout pour marcher aux combats, et assigne à chacun de ses ducs la place qu'il doit occuper.

            Cependant Murman, le superbe roi des Bretons, travaillait sans relâche à joindre, pour soutenir la guerre, la force des armes et les ressources de la ruse. César, poussé de nouveau par cette religieuse bonté qui lui est ordinaire, charge un envoyé d'aller en toute hâte remettre encore sous les yeux des Bretons les maux qui les menacent. « Cours, dit-il, demande à ce malheureux quelle rage insensée le dévore ? que fait-il ? pourquoi nous contraint-il à le combattre ? ne se souvient-il plus de la foi qu'il a jurée, de la main qu'il a si souvent donnée aux Francs, et des devoirs de sujet qu'il a remplis envers Charles ? dans quel abîme court-il se précipiter? L'insensé ! pourquoi veut-il donc être traître à lui-même, à ses enfants et à ses compagnons d'exil, surtout quand une même foi nous unit à son peuple? Si Dieu nous seconde, l’infortuné périra, et, ô douleur! il périra sans être revenu à la foi. Telle sera sa fin s'il persiste dans sa révolte. Que ce malheureux fasse ce que nos ordres lui ont prescrit, et se hâte de recevoir nos lois ; qu'il s'unisse aux adorateurs du Christ par les liens de la paix et de la foi, et abandonne pour l'amour du Seigneur les armes du démon. S'il s'y refuse, nous lui déclarerons, quoique bien à regret sans doute, une guerre sans relâche, et qu'il n'aura que trop raison de craindre. »

          L'envoyé court, comme il en a l'ordre, porter à Murman les augustes paroles du roi, et mêle la prière aux reproches. Mais l'infortuné, justement dévoué à un cruel malheur, ne sait point garder sa foi, et repousse les pieux commandements de César. Affermi dans ses funestes idées par les sollicitations de son orgueilleuse femme, il ne répond qu'en termes durs, et montre un cœur embrasé de haine, La guerre est ce qu'il désire ; il y appelle tons les Bretons, dispose des embuscades, et prépare de perfides ruses.
           A peine cependant César a-t-il entendu la réponse de l’orgueilleux Breton qu'il ordonne de la publier parmi les Francs. Aussitôt leurs cohortes s'enflamment d'un noble courroux: déjà tout est prêt pour le combat ; le camp se lève, et le clairon frappe l'air de ses terribles sons. Cependant le pieux empereur place sur tous les points de fortes gardes avancées, et leur donne ces ordres que dicte son amour pour le Seigneur : « Soldats, veillez au salut des églises ; gardez-vous de porter la main sur les murs sacrés, et que, par respect pour Dieu, la paix soit conservée à ses saints temples. »  Déjà les champs retentissent du bruit des clairons; toute la forêt s'en émeut, et la creuse trompette pousse ses gémissements à travers les campagnes. De toutes parts on se met en marche : les bois offrent à ces peuples divers mille routes écartées, et la terre se couvre de guerriers Francs. Partout ils recherchent les approvisionnements cachés dans les bois et les marais, ou que l’adresse et la charrue ont confié à la terre. Hommes , bœufs, brebis, tout devient la proie malheureuse du vainqueur. Nul marais ne peut offrir un asile aux Bretons; nulle forêt n'a de retraite assez sûre pour les sauver. De toutes parts le Franc se gorge d'un riche butin. Comme César l’a recommandé, les églises sont respectées, mais tous les autres bâtiments sont livrés aux flammes dévorantes.

           Orgueilleux Breton, tu n'oses te présenter devant les Francs en rase campagne, et tu fuis le combat. A peine quelques-uns des tiens se laissent-ils apercevoir de loin, et enfoncés au milieu des buissons et des épais taillis qui couvrent les rochers ; à peine font-ils entendre le cri de guerre. Comme on voit tomber la feuille du chêne à la première gelée, les pluies d'automne, ou même la rosée dans les jours de la brûlante canicule, de même les infortunés Bretons remplissaient de leurs cadavres massacrés les bois, asile des bêtes féroces, ou les vastes prairies des marais ; ils n’opposaient qu'une vaine résistance dans les défilés les plus étroits, et, défendus même par les murailles de leurs maisons, ils ne livraient aucun combat. Déjà, Murman, le vainqueur parcourt dans tous les sens les côtes sablonneuses de tes États; déjà même s'ouvrent devant lui et tes bois inaccessibles et ton orgueilleux palais.
           Cependant, au fond de vallées qu'ombragent des taillis touffus, ce fier Breton excite ses coursiers, prend ses armes accoutumées, exhorte les siens d'un air de triomphe, gourmande longtemps leur lenteur, et fait entendre ces paroles échappées de son cœur superbe : « Vous, ma femme, mes enfants et mes serviteurs, restez sans crainte dans vos demeures ombragées par les bois. Quant à moi, suivi d'un petit nombre de guerriers, je vais me rendre aux lieux ou je pourrai plus sûrement passer la revue de mes bataillons, et bientôt, je l’espère, mon agile coursier me ramènera couvert de trophées et charge de dépouilles sous mon toit domestique. »
           A ces mots, il équipe son coursier, revêt son armure, ordonne à ses fidèles compagnons de prendre les leurs, et charge ses deux mains de javelots. Il s’élance légèrement sur son coursier, et lui presse les flancs de l’éperon acéré ; mais en même temps il retient les rênes, et le fougueux animal s'agite et piaffe sous son maître. Au moment de franchir les portes, il commande d’apporter, suivant l’usage, d'immenses coupes remplies de vin, en prend une, et l'avale d'un trait. Alors, plein d'une confiante gaîté, il sollicite, selon la coutume, et au milieu de tous ses serviteurs qui l'entourent, les embrassements de sa femme et de ses enfants, et leur rend de longues caresses. Brandissant ensuite avec violence les javelots dont ses mains sont armées, il s'écrie : « Femme de Murman, retiens ce que je vais te dire : tu vois, ma bien-aimée, ces traits que tient dans ses mains ton époux animé par la joie, et déjà monté sur son coursier. Si mes pressentiments ne me trompent point, tu les reverras aujourd’hui même à mon retour teints du sang des Francs. Je le jure, objet de ma tendresse, le bras de Murman ne lancera aucun javelot qui ne porte coup. Adieu, épouse chérie, adieu, porte-toi bien. »
           Il dit, et s'enfonce à toute bride dans des forêts exposées à tous les feux du soleil. L'insensé, c'est toi, Louis, qu'il va chercher pour son malheur! Il anime d’un cœur ferme les siens à courir aux armes, et tous, enflammés par le démon de la guerre, se précipitent à l'envi sur ses pas. « Vous le voyez, jeunes Bretons, s’écrie t’il, l’armée des Francs dévaste les campagnes, enlève et traîne tout après elle, hommes et troupeaux. Ô amour de la justice ! ô renommée de nos ancêtres autrefois si glorieuse ! hélas ! vous rougissez que votre souvenir soit sans effet ! Vous en êtes témoins, les infortunés citoyens courent mendier un asile aux forêts, et n'osent se présenter en armes et en rase campagne contre l'ennemi. Non, il n'y a plus à compter sur la fidélité. Où sont maintenant ces bras dont on me promettait le secours pour une année entière ? Personne n'a le courage d'affronter les Francs : partout ils sont les maîtres ; partout ils pillent et emportent triomphants les richesses que les Bretons ont amassées à force de temps et de travail. Que la fortune ne permet-elle que je me trouve en face de leur roi! peut-être pourrais-je lancer ce trait contre lui ; peut-être, au lieu de tribut, lui ferais-je don de ce fer : certes, du moins, oubliant tout danger, je me précipiterais en armes sur lui, et je m'estimerais heureux de me dévouer moi-même à la mort pour la gloire de mon pays et le salut du monde. »

             
Un de ceux qui s'étaient associés à la fortune de ses armes lui répondit ces paroles qui n'étaient que trop vraies, mais ne pouvaient lui plaire : « O roi ! ils sont vains les discours que laisse tomber un cœur triste; il y a maintenant plus de choses à taire qu'à publier. Tu le vois, des milliers de Francs occupent la plaine ; ils sont innombrables ceux qui remplissent nos forêts et nos bois escarpés. Quant à leur puissant monarque, entouré d'une foule de soldats de diverses nations, il suit les routes frayées, et traverse paisiblement tes campagnes. Hélas ! cette race n'a que trop étendu ses conquêtes jusques aux quatre coins de l'univers, et tout être humain est soumis à son empire. Murman, si tu m'en crois, contente-toi de poursuivre ceux des Francs que tu verras marcher isolés; t'attaquer à leur roi ne serait pas sûr. » Murman secoue longtemps la tête, et s'écrie enfin : « Tout ce que tu me dis est vrai sans doute, mais n'a rien qui puisse me plaire. » Les larmes alors inondent ses joues, le chagrin oppresse son âme, et son esprit troublé se précipite dans mille projets opposés. Bientôt il s'élance, prompt comme l’éclair, sur les ennemis qu'il rencontre, les attaque par derrière, et plonge son épée dans leurs larges poitrines; il porte la fureur de ses armes tantôt sur un point, tantôt sur l’autre, et, fidèle à la manière de combattre de ses ancêtres, il fuit un instant pour revenir sur-le-champ. Déjà Murman, dans sa fureur, fait tomber sous ses coups la tourbe des gardeurs de pourceaux et des malheureux bergers qui suivent l’armée, et jonche la terre de leurs cadavres : telle une ourse dévorante à qui ses petits nouveau-nés viennent d'être enlevés, court en hurlant de rage à travers les champs et les forêts.

                Dans ces lieux était un certain Coslus. Une famille de Francs lui a donné naissance, mais sa race n'a rien de noble (14) ; ce n'est qu'un Franc de la classe ordinaire, et jusqu'alors la renommée n'a rien publié de lui ; mais de ce moment la vigueur de son bras lui crée un nom célèbre. Murman, au milieu du carnage, l'aperçoit de loin; plein de confiance dans la vitesse de son coursier, il fond tout bouillant de colère sur cet ennemi. Le Franc qui ne compte pas moins sur la bonté de ses armes accourt à sa rencontre. La fureur les anime l’un et l'autre. Murman insulte de loin à son adversaire par ces dures paroles : « Franc, c'est toi qui le premier vas jouir de mes dons ; ils t'appartiennent à juste litre, et te sont réservés depuis longtemps; mais, en les recevant, souviens-toi que c'est de ma main qu'ils te viennent. » Il dit, brandit longtemps sa javeline armée d’un fer aigu, et la lance avec force. L'adroit Coslus se couvre de son bouclier, et repousse loin de lui le trait meurtrier. Supérieur par la force de ses armes et par son courage, le Franc répond alors avec le ton du triomphe aux menaces de son ennemi: « Orgueilleux Breton, je n'ai point refusé les présents que me destinait ta main : c'est à toi maintenant de recevoir ceux qu'un Franc va t'offrir. » A ces mots, il presse son coursier de ses talons armés de fer, et fond avec impétuosité sur Murman. Ce n'est plus le moment de combattre avec de misérables javelots; la lance du Franc s'enfonce dans les larges tempes du Breton. Une armure de fer couvrait sa tête et toutes les parties de son corps ; mais le Franc adroit lui porte un coup assuré. Murman que la lance a percé tombe sur la terre, et l’infortuné fait gémir bien à regret le sol sous le poids de son corps. Coslus alors s'élance de dessus son coursier, tire son glaive, et coupe la tête du vaincu. Le Breton pousse un profond soupir, et la vie fuit pour jamais loin de lui ; mais avant qu'elle l’eut complètement abandonné, un des compagnons de Murman frappe Coslus d'un coup mortel. Imprudent Coslus, ainsi tu péris, hélas! au milieu de ta victoire ! Enflammé par son amour pour son maître, le serviteur de Coslus plonge son glaive dans le flanc de ce cruel ennemi, et celui-ci, quoique mourant, fait à son adversaire une blessure aussi fatale, et tous deux tombent sous le fer l’un de l'autre : ainsi dans le même champ où ces quatre guerriers avaient combattu avec un superbe courage, un sort pareil réunit et le vainqueur et le vaincu.

               Cependant la renommée, fendant l'air de son vol léger, répand peu à peu dans tout le camp des Francs et fait passer de bouche en bouche la nouvelle que le cruel et orgueilleux Murman a succombé sous sa destinée ; le bruit court que déjà sa tête est apportée dans le camp. Empressées de la contempler, les cohortes des Francs se précipitent en foule de toutes parts, et poussent des cris de joie. On leur présente sur-le-champ cette tête que le glaive vient de séparer du corps; elle est souillée de sang et dans un horrible désordre. On appelle Witchaire; on veut qu'il paraisse sur-le-champ ; on le presse de décider si la nouvelle qui se publie est fausse ou véritable. Il lave à l'instant même cette tête dans une onde pure, à l’aide d'un peigne en arrange la chevelure, reconnaît promptement la vérité du fait sur lequel on lui ordonne de prononcer, et s'écrie : « Cette tête est celle de Murman, croyez-m'en tous; ces traits me sont trop bien connus pour que je n'en aie pas conservé le souvenir. »  Cependant le religieux César commande, dans sa bonté, de confier à la terre, suivant l'usage, le cadavre du vaincu ; et les restes des Francs sont aussi déposés dans le tombeau avec toutes les cérémonies de la religion et les chants sacrés que l’Église a prescrits. 

(1) César, Louis, le grand Louis, sont les différents noms qu'Ermold donne à Louis le Pieux, appelé aussi Louis le Débonnaire.


(2) Lambert est le comte de Nantes.























(3) Murman est le nom frankisé de Morvan
















(4) Witchaire, Witcar, Witkar selon les traductions.




















(5) Charlemagne avait lui aussi ravagé la Bretagne et tenté d'imposer un tribut, mais sans succès.








(6) On considère généralement que la résidence de Morvan (Minez Morvan) se trouvait du côté de Priziac. (aujourd'hui "le pays du roi Morvan")


















(7) Légende de l'antériorité des Francs sur les Bretons en Gaule.


























(8) "Nec sua rura colo, nec sua jura volo !
Ille habeat Francos ; Brittonica regina Murman
Rite tenet, censum sive tributa vetat.
Bella cient Franci, confestim bella ciebo;
Neve adeo imbellis dextera nostra manet"
(v 212-216)












(9) "Missilibus millena manent mihi plaustra paratis,
Cum quibus occuram concitus acer eis.
Scuta mihi fucata (tamen sunt candida vobis)
Multa manent. Belli non timor ullus adest"
(v 240-244)



















(10) L'empereur en effet ne réside pas à Paris mais à Aachen (Aix-la-Chapelle)





(11) Matfried est  le comte d'Angers

(12) Jona est l'évêque d'Orléans
Durand est l'abbé du monastère St Aignan d'Orléans.


(13) Friedgies est l'abbé de Saint Martin de Tours.



















































(14) Le but d'Ermold est de rabaisser Morvan, en faisant de ses adversaires des Francs sans titre de noblesse.


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Contreculture / Morvan version 1.0