Chateau de Nantes

Le pays nantais et la Bretagne

Nantes infos municipales

Savoir que Nantes est en Bretagne, c'est comme savoir qu'Athènes est en Grèce : c'est une simple question de culture.
Il faut n'avoir jamais lu Flaubert ni Victor Hugo ni Alexandre Dumas pour prétendre le contraire. Les meilleurs auteurs français, romanciers, poètes, historiens, géographes ont naturellement situé Nantes dans son environnement breton.

Bien sûr, les découpages administratifs français ont versé Nantes, Le Croisic, Guérande, Chateaubriant dans la région "Pays de Loire". Ils en ont exclu les châteaux de Chambord ou de Chenonceaux qui ont échoué dans la région "Centre", bref nulle part. Quiconque ne peut se référer qu'aux décisions administratives marque sa soumission et avoue son inculture.
Choisir le  savoir administratif contre le savoir tout court, c'est choisir le gendarme Flageolet contre Chateaubriant.



Petite leçon de culture française :

Histoire de Bretagne 1 Histoire de Bretagne 2 Histoire de Bretagne 3
Livre d'Histoire de Bretagne utilisé dans l'enseignement public (début du XXème siècle) : "L'ancienne province de Bretagne est aujourd'hui divisée en cinq départements : Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure [actuel département de Loire-Atlantique], Côtes-du-Nord  [actuel département des Côtes d'Armor], Morbihan, Finistère..."



Il est frappant de constater que les grands auteurs français, Victor Hugo (Quatre-Vingt-Treize), Gustave Flaubert (Par les champs et par les grèves), Alphonse Daudet (Cécile), Stendhal (Mémoires d'un touriste), Paul Féval (Le loup blanc, La fée des grèves), Eugène Sue (Les mystères du peuple) et bien d'autres, connaissent relativement bien l'histoire de Bretagne, au point d'en écrire plusieurs pages et parfois des livres entiers. Aujourd'hui, trouver un écrivain français qui, tout en parlant de la Bretagne, peut citer Nominoe, Jean IV, Pontcallec ou Sebastian Ar Balp relève de l'utopie.
Quand l'intellitgentsia française se mire dans nos lacs et nos mers, elle n'y aperçoit plus que son propre reflet.


Je mesurais ce qu'une pensée veut de temps pour se développer; et, mon compas à la main, debout sur un rocher, à cent toises au-dessus de l'Océan, dont les lames se jouaient dans les brisants, j'arpentais mon avenir en le meublant d'ouvrages, comme un ingénieur qui, sur un terrain vide, trace des forteresses et des palais. La mer était belle, je venais de m'habiller après avoir nagé. J'attendais Pauline, mon ange gardien, qui se baignait dans une cuve granit pleine d'un sable fin, la plus coquette baignoire que la nature ait dessinée pour ses fées marines.
Nous étions à l'extrémité du Croisic, une mignonne presqu'île de la Bretagne ; nous étions loin du port, dans un endroit que le fisc a jugé tellement inabordable, que le douanier n'y passe presque jamais.(…)
- Vois, lui dis-je, les vents de mer dessèchent ou renversent tout, il n'y a point d'arbres; les débris des embarcations hors de service se vendent aux riches, car le prix des transports les empêche sans doute de consommer le bois de chauffage dont abonde la Bretagne. Ce pays n'est beau que pour les grandes âmes ; les gens sans cœur n'y vivraient pas; il ne peut être habité que par des poètes ou par des bernicles. N'a-t-il pas fallu que l'entrepôt du sel se plaçât sur ce rocher pour qu'il fût habité?
 
Honoré de Balzac. Un drame au bord de la mer

– Vois, lui dis-je, les vents de mer dessèchent ou renversent tout, il n’y a point d’arbres ; les débris des embarcations hors de service se vendent aux riches, car le prix des transports les empêche sans doute de consommer le bois de chauffage dont abonde la Bretagne. Ce pays n’est beau que pour les grandes âmes ; les gens sans coeur n’y vivraient pas ; il ne peut être habité que par des poëtes ou par des bernicles. N’a-t-il pas fallu que l’entrepôt du sel se plaçât sur ce rocher pour qu’il fût habité. D’un côté, la mer ; ici, des sables ; en haut, l’espace.
Nous avions déjà dépassé la ville, et nous étions dans l’espèce de désert qui sépare le Croisic du bourg de Batz.
 
Honoré de Balzac. Un drame au bord de la mer

A quelques cents pas de Guérande, le sol de la Bretagne cesse, et les marais salants, les dunes commencent. On descend dans le désert des sables que la mer a laissés comme une marge entre elle et la terre, par un chemin raviné qui n’a jamais vu de voitures. Ce désert contient des sables infertiles, les mares de forme inégale bordées de crêtes boueuses où se cultive le sel, et le petit bras de mer qui sépare du continent l’île du Croisic. Quoique géographiquement le Croisic soit une presqu’île, comme elle ne se rattache à la Bretagne que par les grèves qui la lient au bourg de Batz, sables arides et mouvants qui ne sauraient se franchir facilement, elle peut passer pour une île. 
 
Honoré de Balzac. Béatrix

Nous voici bien loin de notre humble Berry, où j'ai pourtant retrouvé, dans la mémoire des chanteurs rustiques, plusieurs romances et ballades exactement traduites, en vers naïfs et bien berrichons, des textes bretons publiés par M. de la Villemarqué. Revendiquerons-nous la propriété de ces créations, et dirons-nous qu'elles ont été traduites du berrichon dans la langue bretonne? Non. Elles portent clairement leur brevet d'origine en tête. Le texte dit: : En revenant de Nantes, etc.
 
George Sand. Promenades autour d’un village

- Moi, madame; dit le chevalier selon les ordres de Votre Altesse, je suis parti pour la Bretagne, et, arrivé à Nantes, j'ai ouvert mes dépêches et pris connaissance de mes instructions.
- Eh bien? demanda vivement la duchesse.
- Eh bien! madame, reprit d'Harmental, j'ai été aussi heureux dans ma mission que messieurs de Laval et de Pompadour dans la leur. Voici l'engagement de messieurs de Mont-Louis, de Bonamour, de Pont-Callet et de Rohan-Soldue. Que l'Espagne fasse seulement paraître une escadre en vue de nos côtes, et toute la Bretagne se soulèvera.

Alexandre Dumas. Le chevalier d’Harmental

Le roi vit que d'Artagnan ne voulait pas parler.
- Je vous ai fait venir, monsieur le capitaine, pour vous dire d'aller préparer mes logements à Nantes.
- À Nantes? s'écria d'Artagnan.
- En Bretagne.
- Oui, Sire, en Bretagne. Votre Majesté fait ce long voyage de Nantes ?

Alexandre Dumas. Le vicomte de Bragelonne

Les larves de la légende et les monstres de l'histoire, tout avait passé sur ce noir pays [la Bretagne]. Teutatès, César, Noël, Néomène, Geoffroy d'Angleterre, Alain-gant-de-fer, Pierre Mauclair, la maison française de Blois, la maison anglaise de Montfort, les rois et les ducs, les neuf barons de Bretagne, les juges des Grands-Jours, les comtes de Nantes querellant les comtes de Rennes, les routiers, les malandrins, les grandes compagnies, René II, vicomte de Rohan, les gouverneurs pour le roi, le «bon duc de Chaulnes» branchant les paysans sous les fenêtres de madame de Sévigné, au quinzième siècle les boucheries seigneuriales, au seizième et au dix-septième siècles les guerres de religion, au dix-huitième siècle les trente mille chiens dressés à chasser aux hommes; sous ce piétinement effroyable le peuple avait pris le parti de disparaître. Tour à tour les troglodytes pour échapper aux celtes, les celtes pour échapper aux romains, les bretons pour échapper aux normands, les huguenots pour échapper aux catholiques, les contrebandiers pour échapper aux gabelous, s'étaient réfugiés d'abord dans les forêts, puis sous la terre. Ressource des bêtes. C'est là que la tyrannie réduit les nations. Depuis deux mille ans, le despotisme sous toutes ses espèces, la conquête, la féodalité, le fanatisme, le fisc, traquaient cette misérable Bretagne éperdue, sorte de battue inexorable qui ne cessait sous une forme que pour recommencer sous l'autre.
  Victor Hugo. Quatre-vingt-treize

Nantes est placée sur un bras fort étroit ; ce fleuve, là comme ailleurs, est toujours gâté par des îles. Vis à vis des chantiers, ce bras de la Loire est rejoint par un autre beaucoup plus large. J'ai pris une barque pour le remonter, mais j'avais du malheur aujourd'hui. Pour toute conversation, mon vieux matelot m'a demandé dix sous pour boire une bouteille de vin, ce qui ne lui était pas arrivé, dit-il, depuis quinze jours. C'est sans doute un mensonge, le litre de vin coûtant cinq centimes à Marseille, doit revenir à quinze centimes tout au plus sur les côtes de Bretagne. Mais peut-être l'impôt est-il excessif. Nos lois de douane sont si absurdes !
Stendhal. Mémoires d'un touriste (Nantes, le 25 juin 1837)
 
- Maudit soit, entre tous les jours maudits, le jour tu mourras, ô Bretagne ! Maudite soit la main qui touchera l'or de ta couronne ducale ! Maudit soit le Breton qui ne donnera pas tout son sang avant de dire "le roi de France est mon roi !"
- Où est-il, ce Breton? s'écria Aubry.
Maurever le regarda d'un air sombre.
- Tu es jeune; tu verras cela ! dit-il ; une malédiction est sortie de cette tombe dort monsieur Gilles. Tu verras cela ! Nantes, la riche, et Rennes, l'illustre, et Brest, et Vannes, et le vieux Pontivy, et Fougères, et Vitré, seront des villes françaises.
- Jamais l
Paul Féval. La fée des grèves

Nantes était alors la capitale de ce rude et vaillant pays qui gardait son indépendance entre deux empires ennemis la France et l'Angleterre.
Nantes était une ville noble, mirant dans la Loire ses pignons gothiques, et fière d'être reine parmi les cités bretonnes.
Paul Féval. La fée des grèves

Voici, monsieur, l'état au vrai des opinions en Bretagne, répondit Salaün Lebrenn ; une fraction notable de la bourgeoisie de Rennes et de Nantes appartenant à la religion réformée inclinerait à une République fédérative selon la tradition protestante du siècle dernier.
Eugène Sue. Les mystères du peuple

Nous marcherons sur Rennes, afin de porter secours au peuple et à la bourgeoisie révoltés ; les autres chefs, à la tête des paysans du rayon de Nantes et de Quimper se porteront, de leur côté, sur ces villes aussi soulevées. Dès lors, maîtresse de la Bretagne, comme elle l'est sans doute déjà à cette heure de la Guyenne, du Languedoc, de la Saintonge et du Dauphiné, l'insurrection victorieuse imposera le CODE PAYSAN au clergé, à la seigneurie, et ses réformes à Louis XIV !... LA TERRE DOIT APPARTENIR A CEUX QUI LA CULTIVENT !
Eugène Sue. Les mystères du peuple

Et il leur racontait son temps de forgeron à l'usine d'Indret, alors qu'il s'appelait simplement Roudic, car ce nom de Labassindre qu'il portait était le nom de son village La Basse-Indre, un gros bourg breton des bords de la Loire.

Alphonse Daudet. Cécile. Mœurs contemporaines, 1885, Ed Lemerre


Notre-Dame-de-toutes-joies
Ou le voeu français

C’est sur ma profonde misère que j’appuie un brin l’espérance de voir nos Dieux (tous deux mon père) me donner cor’ vingt ans de France
A vivre : elle est mon paradis, que voulez-vous, la récompense de ma misère et mes souffrances, bien plus que le ciel, je vous le dis.
Un peu de ces vingt trésors soient pris à vous, Nantes, ô gloire de la Bretagne, et aux feux d’or des plus beaux couchants sur la Loire
Et qui me font battre le cœur devant tous ces vaisseaux du Port ! Né l’amant de telles splendeurs, je ne veux pas mourir encor.
Hier j’ai moqué la Misère : Nantes offrait, sur ciel de soie irisée, un profil si fier et doux que mes yeux la nommèrent
Notre-Dame-de-toutes-Joies ! – Mais qu’entendez-vous par Misère ? – Ah ! devant les splendeurs du Monde, c’est mon humilité profonde.
 
Paul Fort. Poème "Notre Dame de toutes joies", ballade nantaise.


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Nantes en Bretagne version 1.0