Paul Bert
Les Blancs et les autres
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Libre
penseur et républicain, député gambettiste, il est
associé à Jules Ferry dans la fondation de l'école
laïque. Paul Bert est donc un héros de la
république française. De nombreuses rues portent son nom.
Il
fut un grand promoteur de l'égalité républicaine.
Mais pas n'importe laquelle. Il a fait apprendre aux petits
Français, dans ses manuels scolaires, que les races humaines
sont inégales.
Il
fut un grand inspirateur de l'école laïque et obligatoire.
Mais pas n'importe laquelle. Il entendait
réserver l'éducation aux petits Blancs.
Le vulgarisateur de l'anthropologie à la française
A partir de 1861 et jusqu'à
sa mort, Paul Bert prend part aux séances de la
Société d'Anthropologie, fondée par le docteur
Paul Broca. Cette société étudie les
différences entre les races humaines. Animée par des
républicains libre-penseurs (Abel Hovelacque, Gabriel de
Mortillet, Charles Letourneau, ...) cette société, ainsi
que l'Ecole d'Anthropologie de Paris, établira le paradigme
racial républicain qui colorera la colonisation française
de ses préjugés sur l'inégalité des races.
Le journal La République Française,
dont Paul Bert est le directeur, vulgarise
régulièrement les thèses anthropologiques. Les
lecteurs du journal apprendront par exemple, dans une étude de
Thulié, que le dernier échelon de l'humanité est
représenté par les Boschimans.
Modeler, par l'éducation, une nation une, indivisible, prétentieuse et raciste
Paul Bert a été un grand rédacteur de manuels
scolaires. Certains d'entre eux ont été régulièrement
réédités, de 1880 jusqu'aux années 1930.
Notre homme y diffuse les "connaissances" anthropologiques en fonction
de l'âge des enfants.
Grâce à Paul Bert, des générations de
Français apprennent dans les écoles primaires les choses
suivantes :
Tous
les hommes ne sont pas identiques à ceux de ce pays-ci.
Déjà, dans notre petit village, il y a des blonds et des
bruns qui sont assez différents les uns des autres. Vous savez
qu'un Flamand, grand et blond, ressemble encore moins à un
provencal, petit et très brun. Un Allemand et un Italien sont
encore plus dissemblables. Mais enfin, tous les peuples de notre Europe
ont la peau blanchâtre comme la nôtre (fig. 21), la figure
régulière, le nez droit, la mâchoire d'aplomb, les
cheveux plats mais souples, ou même ondulés. Au contraire
les Chinois (fig. 22) ont la peau jaunâtre, les cheveux plats,
durs et noirs, les yeux obliques, les dents saillantes. Les
Nègres (fig. 23) ont la peau noire, les cheveux frisés
comme de la
laine, les mâchoires en avant, le nez épaté ; ils
sont bien moins intelligents que les Chinois, et surtout que les Blancs
(...).
Il faut bien voir que les Blancs étant plus intelligents, plus
travailleurs, plus courageux que les autres, ont envahi le monde entier
et menacent de détruire ou de subjuguer toutes les races
inférieures.
Et il y a de ces hommes qui sont vraiment
inférieurs. Ainsi l'Australie est peuplée par des hommes
de petite taille, à peau noirâtre, à cheveux noirs
et droits, à tête très petite, qui vivent en petits
groupes, n'ont ni culture ni animaux domestiques (sauf une
espèce de chien), et sont fort peu intelligents. Certaines
peuplades humaines ne savent même pas faire du feu.
(Bert 1887, p 17-18)
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Les
Nègres, peu intelligents, n'ont jamais bâti que des
huttes parfois réunies en assez grand nombre pour faire une
ville ; ils n'ont point d'industries ; la culture de la terre est chez
eux au maximum de simplicité. Ce ne sont pas cependant les
derniers des hommes. Il faut mettre après eux, comme
intelligence, les petites races d'hommes qui habitent les
régions les plus inaccessibles de l'Afrique (...).
Bien au dessus du Nègre, nous élèverons l'homme
à la peau jaunâtre (...). Il a fondé de grands
empires, créé une civilisation fort avancée (...)
mais tout cela semble de nos jours tombé en
décadence (...).
Mais la race intelligente entre toutes, celle qui envahit et tend
à détruire ou à subjuguer les autres, c'est celle
à laquelle nous appartenons, c'est la race blanche.
(Bert 1885a, 91-93. Cité par Carole Reynaud Paligot, La République raciale, Puf, 2006. p 141)
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Ces
vérités officielles, exprimées de façon bonhomme par
Paul Bert, ont été assénées par les
instituteurs à plusieurs générations de citoyens.
Elles constituent le socle, non pas d'une culture savante, mais de la
culture populaire, laïque et républicaine, des
Français. La France en est imprégnée, et cela
se voit.
Dans les manuels du secondaire, Paul
Bert présente l'anthropologie. La craniologie est "une de [ses]
branches les plus importantes". La mesure du volume du crâne
montre que "les races inférieures ont une capacité
cranienne moindre que les supérieures". Il vulgarise les grandes
découvertes de l'anthropologie française : l'angle facial
très ouvert est signe de supériorité, le
prognathisme est signe d'infériorité ; Certaines races
sont incapables de progresser indéfiniment ; etc.
"S'assimiler ou disparaître"
En 1883, Paul Bert est élu
président d'honneur de la "Société pour la
protection des colons et l'avenir de l'Algérie".
L'égalité républicaine ? Il n'est pas question pour lui d'accorder des
droits politiques aux indigènes.
L'école laïque et obligatoire ? Pour les colonies, l'ancien
ministre de
l'instruction publique réduit singulièrement ses
visées éducatives. Son objectif est d'adapter
l'enseignement au niveau culturel des
populations. Bref, juste assez pour former des auxiliaires de la
colonisation.
En janvier 1886, il est nommé résident
général du protectorat de l'Annam-Tonkin. il arrive
à Hanoï le 8 avril 1886. Il y meurt du choléra 7 mois plus tard.
Paul Bert a résumé la mission civilisatrice républicaine :
Il faut placer l'indigène en position de s'assimiler ou de disparaître.
Cité par : Carole Reynaud Paligot, La République raciale, Puf, 2006. p69
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Tout commentaire serait inutile.
Sources principales : Carole Reynaud Paligot, La République raciale, Puf, 2006.
Paul Bert, La deuxième année d'enseignement scientifique, 29ème édition, Programme de 1887, Armand Colin

Contreculture / Paul Bert version 1.1