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Saint-Just (Antoine-Louis-Léon)L'ange de la pureté révolutionnaire (1767-1794) |
" La
chair, la chair
de son aiguillon roide le combattait et lui pressait le flanc ; la chair insiste, et le pauvre âne cède. Le tendre amour avait mis en effet Dans son cœur faible un vigoureux projet. Il était âne, et guerrier qui plus est. Sur le rocher, mollement étendue, Linde découvre une cuisse charnue, Et cependant le nerveux pénaillon De la chair dure agitait l'aiguillon. Amour, dit-il tendrement en lui-même, Entre mes bras assoupis ce que l'aime Il s'agenouille ; au premier coup de rein La Belle saute, & s'éveille soudain. Elle s'éveille, ô fantôme, ô surprise ! Un âne en pleurs, un âne à ses genoux ! Ses sentiments, qu'il rendait à sa guise, Dans ses regards je ne sais quoi de doux, L'air de vertu, de honte, de franchise, Et ne sais quoi qui toujours sympathise, Font soupçonner à l'avide Beauté L'enchantement, Sornit, la vérité. Au cou de l'âne elle vole en liesse (...) " |
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Antoine soupe, et
Nice le servait. Aigilloné par le vin et la table, Il la trouvait encore plus aimable ; De temps en temps tétons il lui prenait, Et de baisers les mets assaisonnait. Dans une tendre et pétillante orgie, Oh qu'il est doux de presser tour à tour Contre son sein sa bouteille et sa mie, Ivre à la fois et de vin & d'amour ! Les deux amants, sans scrupule et sans gêne, S'abandonnaient à leurs brûlants désirs, Et s'enivraient de vin et de plaisirs Déjà la nuit, sur son trône d'ébène, Allait atteindre au milieu de son cours Cette heure là, c'est l'heure des amours, Dit Arouet. Sous le marbre et les chaumes, En ce moment tous les hommes sont hommes ; Le pâtre est souvent plus heureux Entre les bras de sa brune Climène, Qu'un roi ne l'est dans les bras d'une Reine ; Et sous l'abri de son palais pompeux, Souvent il tient des fesses surannées, Presse un téton & des cuisses fanées, Et bien souvent caresse même un cu Qui dans le jour l'a fait sept fois cocu (...) " |
" Y
pensons-nous en
bonne conscience Dans l'univers n'est-il d'autres tétons ? Vous trouverez mille Nices pour une. En attendant, le temps point ne perdons ; Le verre en main, bravons notre infortune : Heureux, rions ; & malheureux buvons. " |
" Il
vous
l'étend, & d'une main lubrique Trousse en jurant la dévote tunique. Quand elle vit poindre je ne sais quoi, Suzanne crut que c'était pour le prendre Et le baiser. Sur le fier instrument Elle appliqua sa bouche saintement : Cela rendit Monsieur Billoi fort tendre, Qui désormais s'y prit plus poliment. Les flots pressés de sa bruyante haleine, De ses poumons s'exhalaient avec peine ; Il l'étouffait, voulant la caresser ; Il la mordait, en voulant la baiser ; Sa langue affreuse, & tendre avec furie, De la Nonnain cherchait la langue pie, Et notre Sœur, qui pour Dieu le prenait, A ses efforts saintement se prêtait, Allant au Diable, & brûlant Marie. Quand la brebis, après ce doux baiser, Sentit l'oiseau quelque part se glisser, Aller, venir, et l'Ange tutélaire De son sein blanc les deux roses sucer. Elle comprit que c'était le mystère ; Elle sentait une divine ardeur De plus en plus s'échauffer dans son cœur. Amour riait, assis sur le pinacle. Mais ce fut bien encore autre miracle. Quand tout à coup son regard s'anima, Son sein bondit, et son teint s'alluma ; Quand un rayon émané de la grâce, La pénétra, confondit ses esprits, Et l'emporta tout droit au Paradis. " |
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Je ne juge pas, je tue " (au
procès de Louis XVI) " Tant que vous verrez quelqu'un implorer une grâce dans l'antichambre des magistrats, ce gouvernement ne vaut rien ". " Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres " " À proprement parler, il n'existe point de rapports entre les nations ; elles n'ont que des intérêts respectifs, et la force fait le droit entre elles. " " Lorsqu'on parle à un fonctionnaire, on ne doit pas dire citoyen ; ce titre est au-dessus de lui. " " Un gouvernement républicain a la vertu pour principe ; sinon, la terreur. Que veulent ceux qui ne veulent ni vertu ni terreur ?... " " Il faut dans toute révolution un dictateur pour sauver l'État par la force, ou des censeurs pour le sauver par la vertu. " |