Le capitaine de Gaulle

De Gaulle (Charles) jusqu'en 1940



Mythes et réalités   



La version officielle

Faits et documents

Le Capitaine de Gaulle pendant la guerre 14-18


          "Il se distingue pendant la Première Guerre mondiale au cours de laquelle, fait prisonnier à Douaumont, il effectue cinq tentatives d'évasion."
(Grand Larousse universel, ed. 1991)



      "Il fut de ces hommes acharnés, indomptables, qui marchèrent au feu avec, à la bouche, l'inoubliable ordre du jour de Pétain : "Ils ne passeront pas".
      Les hommes du 33ème s'étaient battus comme des démons tandis que le flot ennemi submergeait les défenses de Douaumont. Le capitaine de Gaulle tirait à bout portant. Les Allemands s'engouffraient de tous côtés et réduisaient sa compagnie. C'était la fin. Un Allemand lui transperça la cuisse et l'abattit sur le sol commme un arbre immense frappé par la tempête. A ce moment même un obus éclata à quelques mètres seulement, arrosant le champ de bataille d'éclats acérés et brûlants. L'un d'eux pénétra dans le crâne du géant abattu, étendu inanimé dans la boue et le sang. Charles de Gaulle demeura pendant des heures sur le champ de bataille, à demi enseveli, inconscient, à moitié mort. Quand il revint à lui, on le transportait dans l'obscurité. Il sut tout de suite qu'il ne reverrait pas les Français de sitôt car les voix qu'il percevait à travers la souffrance qui battait dans sa tête parlaient allemand".
(David Shoenbrun, Les trois vies de Charles de Gaulle, Julliard 1965)



Citation à l'ordre l'armée, alors qu'on le croyait mort en combattant
(Cette citation, avec l'attribution de la légion d'honneur à titre posthume, ne fut jamais modifiée ni annulée) :
" Le capitaine de Gaulle, commandant de compagnie, réputé pour sa haute valeur intellectuelle et morale, alors que son bataillon, subissant un effroyable bombardement, était décimé et que les ennemis atteignaient la compagnie de tous côtés, a enlevé ses hommes dans un assaut furieux et un corps-à-corps farouche, seule solution qu'il jugeait compatible avec son sentiment de l'honneur militaire. Est tombé dans la mêlée. Officier hors pair à tous égards"      
  Signé : Pétain


     "Au bout d'une demi-heure, j'ai vu apparaître à la sortie du trou un vague tissu blanc, probablement une chemise accrochée à une baïonnette au bout d'un fusil. J'ai donc ordonné le cessez-le-feu. Quelques hommes sont sortis et c'est alors que j'ai remarqué l'officier qui les commandait tellement il était grand. Je me suis avancé vers lui. Il paraissait un peu hagard et chancelant ."
(Témoignage du lieutenant Casimir Allbrecht, 19ème régiment de la Reichswehr, publié dans "Le Nouveau Candide", 21 avril 1966)

     "Nous avons été encerclés et sous les ordres de notre capitaine de Gaulle nous avons été obligés de nous rendre"
( Témoignage de Samson Delpech, publié dans "Sud-Ouest Dimanche" le 16 avril 1961 et le 29 mars 1966)

       "Un de mes amis qui fut prisonnier avec de Gaulle m'a rapporté ceci. Les Boches qui faisaient l'honneur aux officiers français qui s'étaient courageusement battus de leur rendre leur sabre pour certaines manifestations comme la messe par exemple, ne le rendirent pas au capitaine de Gaulle. Celui-ci, croyant en un oubli, le leur réclama sèchement. Les Allemands s'étonnèrent de sa demande mais, à tout hasard, refirent une enquête sur les conditions de sa reddition. Renseignements pris, les Allemands ne rendirent pas son sabre au capitaine de Gaulle"
(Témoignage du général Perré le 11 juin 1966. repris par la presse internationale. En dépit des appels des gaullistes militants,  l'Elysée n'opposa aucun démenti.)

De Gaulle prisonnier en Allemagne
De Gaulle prisonnier en Allemagne
Le protégé de Pétain

"Chargé, en 1921, d'enseigner l'histoire militaire à Saint Cyr, il entre en 1925 au cabinet de Pétain, alors vice président du Conseil supérieur de la guerre.
(Grand Larousse universel, ed. 1991)




       Depuis son retour de captivité en 1919, de Gaulle fréquente assidûment Philippe Pétain, devenu maréchal. Celui-ci intervient en faveur de de Gaulle et le fait rentrer dans son cabinet. Le premier fils de de Gaulle sera prénommé Philippe, pour honorer au maréchal.

       De Gaulle sera nommé commandant du 19ème bataillon de chasseurs à Trèves. Pétain intervient pour couvrir de Gaulle, compte-tenu des troubles occasionnées dans la ville et de la mortalité anormale dans son bataillon au cours de l'hiver 1928-1929, dues aux conditions d'hygiène et aux marches forcées.

Dédicaces disparues dans les éditions postérieures à 1940 :

"Le fil de l'épée" (1932)

de Gaulle Dédicace 1
 "La France et son armée" (1938)



De Gaulle Dédicace 2
Le visionnaire de la guerre de mouvement

Il [de Gaulle] écrit plusieurs articles de réflexion politique et de stratégie militaire, d'où naitront Le fil de l'épée (1932), Vers l'armée de métier (1934), La France et son armée (1938), livres dans lesquels il développe sa conception d'une armée de spécialistes et préconise l'utilisation  des blindés, trop négligée par les responsables français."
(Grand Larousse universel, ed. 1991)
       En 1925, De Gaulle est un admirateur de la ligne Maginot et un défenseur de la stratégie statique de fortification :
      "La fortification de son territoire est pour la France une nécessité permanente...
      L'encouragement de l'esprit de résistance d'un peuple par l'existence de fortifications permanentes, la cristallisation, l'exaltation de ses énergies par la défense des places sont des faits que les politiques comme les militaires ont le devoir de reconnaître dans le passé et de préparer dans l'avenir".
(C. de Gaulle. Revue militaire française. 1er décembre 1925)
Un précurseur sur le rôle des chars

De Gaulle est considéré comme le premier théoricien français des engins de guerre motorisés dans son ouvrage "Vers l'armée de métier" (1934).
           L''utilisation des chars et la technique de percée motorisée  a été décrite dès 1920 Par le général Estienne (Conférence du 15 février 1920 au Conservatoire des Arts et métiers, et répétée plusieurs fois).
      Ces conceptions sont en oeuvre en Allemagne dans les années 1932-1933, et vulgarisées dans plusieurs études, traduites dans la Revue Militaire Française.
Un précurseur sur le rôle de l'aviation

"... Mais surtout en frappant elle-même à vue directe et profondément, l'aviation devient par excellence l'arme dont les effets foudroyants se combient le mieux avec les vertus de rupture et d'exploitation de grandes unités mécaniques"
(Charles de Gaulle, Vers l'armée de métier)


De Gaulle texte manipulé

Cette phrase ne figure pas dans l'édition originale (Edition Berger-Levrault) en 1934.
Elle a été rajoutée pour la première fois dans l'édition de 1944 (Editions Jules Carbonel, Alger), après avoir constaté l'action des Stukas allemands en 1940.

de Gaulle texte initial
La bataille de Montcornet

           "Nommé colonel en 1937, il commande un régiment de chars. Il s'illustre en mai 1940 (à Montcornet et devant Abbeville) dans la bataille de France à la tête d'une division cuirassée ; il est alors promu général de brigade à titre temporaire.
(Grand Larousse universel, ed. 1991)

de Gaulle devant son char
         "Charles de Gaulle ne semble pas avoir montré sur le terrain les qualités de coup d'oeil et d'invention qui font qu'avec 1000 hommes ou 300 000 on est Masséna ou Rommel."
(Jean Lacouture. De Gaulle, Ed Le Seuil)


         "Le 15 mai, le corps blindé Guderian et le 1éème Panzer Corps atteignirent simultanément Montcornet à 70 km de Sedan. On pouvait supposer que le haut commandement allemand ne se contenterait pas d'une simple tête de pont sur la Meuse. Pourtant, le général Von Kleist donna l'ordre de s'arrêter".
(Gert Bucheit, Hitler der feldherr, traduit en français sous le titre "Hitler, chef de guerre", Ed Arthaud)


        "Ces contre-attaques ne nous mirent pas du tout en danger ... Guderian en fit son affaire sans me déranger et je n'en entendis parler que le lendemain."
(Interview du maréchal Von Kleist, dans l'ouvrage de Liddell Hart, Les généraux allemands parlent, ed Stock)
Le départ pour Londres

        "Il entre au gouvernement en juin comme sous-secrétaire d'Etat à la Défense nationale et à la guerre dans le cabinet Reynaud. Refusant l'armistice, il lance à la radio de Londres le célèbre appel du 18 juin invitant les Français à poursuivre le combat."
(Grand Larousse universel, ed. 1991)

Le cabinet Reynaud
Le cabinet Reynaud en 1940
        Le 5 juin, Le président du Conseil Paul Reynaud a nommé de Gaulle sous-secrétaire d'Etat à la guerre. Reynaud projette de créer un gouvernement français en exil et charge de Gaulle de préparer le terrain à Londres.

        "De Gaulle débarque pour la première fois à Londres le 9 juin. Mission officielle : obtenir de Winston Churchill que celui-ci envoie en France les escadrilles de la R.A.F. basées en Angleterre qui font cruellement défaut sur le front. Churchill refuse. A sa grande surprise, il voit de Gaulle faire demi tour au moment de quitter son bureau, se retourner, et venir lui murmurer : "Je crois que vous avez tout à fait raison".
(Winston Churchill. Mémoires de guerre. Ed Plon)

         De retour d'une mission à Londres le 16 juin, de Gaulle apprend que Paul Reynaud a démissionné. Il est remplacé par le Maréchal Pétain. De Gaulle n'est pas dans le nouveau gouvernement ; il n'est plus sous-secrétaire d'Etat. 
"C'est bon, ils ne veulent pas de moi ! Dans ces conditions, je fous le camp à Londres"
(Cité par Alfred Fabre Luce, Le plus illustre des Français, Ed. Julliard).

          Le 17 juin, il repart à Londres avec Edward Louis Spears, envoyé spécial de Churchill, qui n'a pas réussi à convaincre Reynaud et Mandel de rejoindre Londres.
Du militaire au politique

Lettre de De Gaulle à Reynaud du 24 septembre 1938 :
"Mon régiment est prêt. Quant à moi, je vois venir sans nulle surprise les plus grands évènements de l'histoire de France, et je suis assuré que vous êtes marqué pour y jouer un rôle prépondérant. Laissez-moi vous dire qu'en tout cas je serai -à moins d'être mort- résolu à vous servir s'il vous plaît."
(Cité par Henri Amouroux, La grande Histoire des Français sous l'occupation, Ed. R. Laffont, 1997)

Le 17 juin 1940, à Londres, au député Henri de Kerillis :
"Je constituerai un Comité pour élargir l'idée de résistance, pour étendre l'idée de guerre à outrance à toute la population française... Mais jamais la politique qui divise ne sera admise à pénétrer là où la haine de l'Allemand doit unir. Je maudis la politique pour que continue la bataille."
(Henri de Kerillis, De Gaulle dictateur, Ed La défense républicaine, 1945)

"La force militaire que je constitue ne fait pas de politique. J'ai sous mes ordres des soldats, des techniciens, des industriels de la défense. Ils n'ont qu'une idée : la libération de la France".
(Charles de Gaulle. message du 24 juillet au Comité National Français d'Egypte)

Lettre du 7 août 1940 à Winston Churchill, où il reconnait que la restauration de l'indépendance française sera dûe aux armées alliées et assurée par le gouvernement britannique :
"Cher Premier Ministre,
Vous avez bien voulu m'envoyer un mémorandum relatif à l'organisation, à l'utilisation et aux conditions de service de la force de volontaires français, actuellement en cours de constitution sous mon commandement.
En ma qualité, reconnue par le Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume Uni, de chef de tous les Français libres où qu'ils soient, qui se rallient à moi pour défendre la cause alliée, je viens vous faire connaître que j'accepte ce memorandum. Il sera considéré comme constituant un accord conclu entre nous, relativement à ces questions.
Je suis heureux qu'à cette occasion le Gouvernement britannique ait tenu à affirmer qu'il est résolu, lorsque les armées alliées auront remporté la victoire, à assurer la restauration intégrale de l'indépendance et de la grandeur de la France.
De mon côté, je vous confirme que la force française en voie de constitution est destinée à participer aux opérations contre les ennemis communs (Allemagne, Italie ou tout autre puissance étrangère hostile) y compris la défense des territoires français et des territoires sous mandat français, et la défense des territoires britanniques, des leurs communications, et des territoires sous mandat britannique.
Veuillez agréer, cher Premier Ministre, l'assurance de ma haute considération.
Signé : C. de Gaulle

                    En Juin 40, Reynaud renonce à l'aventure d'un gouvernement en exil à Londres. Mandel préfère tenter sa chance au Maroc (il a été ministre des Colonies).
                 De Gaulle est donc abandonné à lui-même. Parmi les politiques qui l'ont rejoint, plusieurs ont un passé d'extrême droite comme Philippe Barrès, fils de Maurice Barrès, ainsi que  le capitaine Dewavrin ("Passy"), le capitaine Fourcaud ("Barbès"), Maurice Duclos ("Saint-Jacques"), tous fortement soupçonnés d'être des "cagoulards".
(cf JC Valla, L'extrême-droite dans la Résistance, Les cahiers libres d'histoire, 2000 ; et H. de Kerillis, De Gaulle Dictateur, La défense républicaine, 1945)


                      Ils le persuadent que la IIIème république est morte et que ce n'est pas elle qu'il faut restaurer. Il est donc nécessaire que lui, général de Gaulle, assume un rôle plus large que celui d'un militaire ; celui de créateur d'un nouveau régime, plus autoritaire, dégagé de l'influence des partis et des parlementaires.

          En septembre 1940, de Gaulle demande aux Anglais de le reconnaître comme pouvoir politique en lieu et place du gouvernement de Vichy ; Ni Churchill, ni Eden, Minsitre des Affaires Etrangères, ne répondent à cette demande.

            Le 27 octobre 1940, le général lance à Brazzaville un manifeste où il se considère comme détenant le pouvoir politique légitime :
"Il n'existe plus de gouvernement français. L'organisme sis à Vichy et qui prétend porter ce nom est inconstitutionnel et soumis à l'envahisseur... Il faut donc qu'un pouvoir nouveau assume la charge de diriger l'effort français dans la guerre.... J'exercerai mes pouvoirs au nom de la France et uniquement pour la défendre".

            A partir de là, de Gaulle sera
anti-vichyste par stratégie de conquête du pouvoir, bien avant d'être anti-allemand ou anti-nazi.


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