Les marques d’appartenance à une communauté dominée ou à une communauté dominante n’ont ni la même signification, ni les mêmes conséquences. Le communautarisme est comme le cholestérol ; il en existe un bon et un mauvais. Le bon fait passer d’un impossible repli sur soi à une ouverture collective, liée à des signes extérieurs d'appartenance. Le mauvais fait passer d’une réussite personnelle à un enfermement collectif. Les Bretons ne peuvent pas se replier sur la Bretagne ; elle est trop petite. Sa langue, sa culture, ses limites sont insuffisantes. Les Bretons sont condamnés à une ouverture collective. Ce n’est pas le cas pour les Français. Dans les matchs de foot internationaux, les drapeaux français qui s’agitent dans les tribunes ne me gênent pas. Dès lors qu’il s’agit d’une confrontation entre égaux, les marques d’appartenance sont normales. En revanche, dans les manifestations politiques où cohabitent le drapeau français et des symboles d'une aspiration ou d'une libération, je me dis que le dominant poursuit sa stratégie d'asphyxie et d’enfermement. Jusqu’à présent, on ne voyait le tricolore que sur les bâtiments de l'autorité publique, les monuments aux morts et dans les manifestations d’extrême-droite. C’était normal. La montée des populismes favorise sa propagation vers une société civile restée saine et ouverte jusque là. Les signes d’appartenance bretonnes agacent les Français. Elles expriment une tendance naturelle à être soi-même, au sein d’une diversité vécue comme inévitable. Brandir le drapeau français exprime un souci bien plus pervers. JPLM
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