Les Breiz Atao,
dans les
années 30 et 40, agissaient en indépendantistes. Ils
s’étaient
adressés directement à des puissances
"étrangères", c'est-à-dire au delà des
limites françaises. Scandaleux. Impardonnable. C’est cette
transgression, et non leur importance
numérique, qui les a fait entrer dans l'histoire. J’ai eu
l’audace
juvénile, au tournant des années 80, de participer
à
une autre tentative
diplomatique, dirigée vers des gouvernements plus à
gauche,
mais aussi peu
recommandables que les interlocuteurs de Breiz Atao. Sans aucun
succès... Heureusement,
malheureusement ? Peu importe désormais. En tout cas, adieu
l’histoire.
Aujourd’hui, compte tenu du déclin français, la diplomatie bretonne peut à nouveau émerger. Elle doit s’adresser directement à des puissances étrangères, mais celles-ci ne sont plus seulement des états. Demander à l’état turc de soutenir les minorités de l’Hexagone ne manquerait ni de pertinence, ni d’à-propos ; l’efficacité reste à vérifier. Cette logique irlandaise, qui est de considérer les ennemis de nos ennemis comme des amis potentiels, demande à être approfondie. Beaucoup d’états, qui auraient de bonnes raisons de clouer le bec à la France, ont accumulé une dette et des obligations complexes, qui leur interdisent de pointer la minorité bretonne, même lorsque la France pointe leurs manquements envers les minorités. La diplomatie n’est plus ce qu’elle était. Nous vivons une époque où la puissance des entreprises peut rivaliser avec la puissance des états. La diplomatie bretonne peut donc élargir sa cible. Elle gagne du même coup en sécurité. Négocier pour le développement culturel, linguistique ou politique de la Bretagne avec les gouvernements chinois ou canadien pourrait être vu comme un crime d’intelligence avec des puissances étrangères. Elle est alors passible de prison. Le jeu peut être excitant, mais il faut du courage et donc tout le monde ne peut pas se le permettre. En revanche, conclure un accord de mécénat avec une entreprise chinoise –fut-elle dirigée par le parti au pouvoir-, avec une entreprise turque ou avec une entreprise anglophone du Québec, ne crée pas d'inconvénient d'ordre légal. Ainsi évoluent les concepts, selon l’évolution du monde. Ceux qui envisagent aujourd'hui de construire une diplomatie bretonne ont de beaux coups à jouer. JPLM
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