Mercuriale
de juillet-Août 2007
Ô
République universelle,
Tu n'es encor que l'étincelle,
Demain tu seras le soleil
! (Victor Hugo)
Les républicains français
nous bassinent d'universalisme, qu'ils opposent à notre particularisme.
Avant eux,
les progressistes du XIXème siècle
rêvaient d’une République universelle. Celle-ci peut-elle être bâtie
sur le
modèle français : indivisible, laïque,
démocratique
et sociale ? Imaginons.
Si les courants
actuels de la démographie et de la mondialisation
économique se poursuivent, la
capitale de cette République universelle sera du
côté de Pékin.
Article 2 de la
Constitution : « La langue de la
République est le Chinois». Dans un souci
démocratique, tous les enfants du monde
apprendront le
chinois. Le Français sera considéré
comme une langue
régionale, pour laquelle un usage n’est
pas
souhaitable dans la sphère publique.
Le budget de la
France sera divisé par dix.
Explication.
Aujourd’hui, le budget du Conseil régional de
Bretagne (total ressources
nettes) représente 1,38% du PIB de la région. Le
budget de l’Etat français
(total ressources fiscales nettes du budget
général, après affectations aux
régions et à l’Europe)
représente 13,79% du PIB français, soit dix fois
plus
que le chiffre précédent (1).
Dans la
République
universelle, le budget de la France serait donc dix fois plus
léger. Mais il
n’aura pas à assumer les salaires des
fonctionnaires de l’Education, des Ponts
et Chaussées ou de la Police, qui dépendront
directement de Pékin.
Les
programmes
scolaires seront standardisés. L'histoire républicaine enseignera les
dynasties chinoises. Les Français demanderont
une loi
mémorielle pour que la Révolution de 1789 soit
considérée comme un bienfait
pour l’humanité. Les historiens
veilleront cependant à ce que ces mémoires
particulières ne perturbent pas les programmes scolaires
mondiaux, facteurs d'unité.
Les
centres de
décision économiques devront
évidemment se trouver
proches des centres de
décision politiques. Des politiques de
décentralisation
industrielle seront
néanmoins mises en place pour éviter que l'Europe
ne
devienne un désert économique, seulement
voué aux
loisirs.
Plus de la
moitié
du budget du ministère de la culture sera
dépensé dans la ville-lumière,
Pékin.
Sur
les chaînes de
télévision publique, on évoquera les
orages qui ont ébranlé de vieux murs dans
la Cité Interdite, et les bouchons sur le
périphérique de Pékin. Les
émissions
seront évidemment en chinois. La langue française
bénéficiera de quelques
minutes d’antenne par semaine lors de décrochages
régionaux.
Les Français
demanderont
aux Bretons de les rejoindre dans leur combat pour la
diversité. Et ils s'étonneront de
constater que la mort du particularisme français ne nous
scandalise pas.
JPLM
(1) : Le rapport est inverse en Pays basque sud : 92
% des impôts
basques sont gérés sur place. Les 8% restant sont
envoyés à Madrid pour les
programmes qui concernent l’Espagne.

Contreculture /
Mercuriale 2007 07