Lettre de Florimond BONTE, 

député communiste et membre du Comité central du PC, 

au Président de la chambre des députés Edouard Herriot,

 le 1er octobre 1939



Contexte : Après la signature du pacte germano-soviétique, les communistes prêchent la paix et l'armistice avec l'Allemagne nazie, et hurlent au complot anticommuniste-antinazi ("une presse dirigée"). Bien sûr, les communistes ne sont pas favorables à Hitler, mais le nazisme ne va pas tarder à s'effondrer, rongé par ses "contradictions internes". Le pacte germano-soviétique garantit une "paix juste et durable", les "libertés démocratiques", et "l'indépendance de la France".

Précision : Le président du groupe communiste écrit juste après l'écrasement de la Pologne par les forces conjuguées de Staline et d'Hitler. Une guerre injuste, qui supprime les libertés démocratiques et l'indépendance d'un pays, est la suite évidente du pacte.

Dès l'invasion allemande de la russie soviétique en juin 1941, Florimont Bonte devient instantanément belliciste, anti-allemand, et antipétainiste.



         Monsieur le Président,

      La  France va se trouver incessamment  en présence de propositions de paix, et à la seule pensée que la paix prochaine pourra être possible, une immense espérance soulève le peuple de notre pays qu'angoisse la perspective d'une guerre longue qui ensevelirait les trésors de la culture humaine sous des monceaux de ruines et coûterait la vie à des millions d'hommes, de femmes et d'enfants confondus dans le massacre.

       A peine a-t-on parlé de ces propositions de paix, dues aux initiatives diplomatiques de l'U. R. S. S., qu'une presse dirigée a répondu avec ensemble : Non !

      Est-il possible que des propositions de paix puissent être rejetées avant même d'être connues et sans que la représentation nationale et souveraine ait été consultée?

        Nous ne le pensons pas quant a nous, et nous vous demandons, en tant que Président de la Chambre, d'intervenir auprès des Pouvoirs Publics pour demander :

1° que le Parlement soit appelé à délibérer en séance publique sur le problème de la paix ;

2° que les parlementaires aux Armées puissent prendre part aux délibérations sur cette question capitale, d'où dépend la vie ou la mort de millions de Français.

     Chaque Français veut la paix, car il sent qu'une guerre de longue durée serait terrible pour notre pays et compromettrait à la fois son avenir et ses libertés démocratiques. II faut empêcher qu'on puisse rejeter a priori des propositions de paix, et nous conduire, par cela même, a l'aventure et aux pires catastrophes.

        Nous voulons de toutes nos forces une paix juste et durable .et nous pensons qu'on peut l'obtenir rapidement, car en face des fauteurs de guerre impérialistes et de l'Allemagne hitlérienne en proie à des contradictions internes, il y a la puissance de l'Union soviétique qui peut permettre la réalisation d'une politique de sécurité collective susceptible d'assurer la paix et la sauvegarde de l'indépendance de la France.

      Voila pourquoi nous avons conscience de servir les intérêts de notre pays en demandant que les propositions de paix qui vont être faites à la France soient examinées avec la volonté d'établir au plus vite une paix juste, loyale et durable, que du fond de leur cœur souhaitent tous nos concitoyens.



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