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Le pays nantais et la Bretagne |
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Livre d'Histoire de Bretagne utilisé dans l'enseignement public (début du XXème siècle) : "L'ancienne
province de Bretagne est aujourd'hui divisée en cinq
départements : Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure [actuel
département de Loire-Atlantique], Côtes-du-Nord
[actuel département des Côtes d'Armor], Morbihan,
Finistère..." Il
est frappant de constater que les grands auteurs français,
Victor Hugo (Quatre-Vingt-Treize), Gustave Flaubert (Par les champs et
par les grèves), Alphonse Daudet (Cécile), Stendhal
(Mémoires d'un touriste), Paul Féval (Le loup blanc, La
fée des grèves), Eugène Sue (Les mystères
du peuple) et
bien d'autres, connaissent relativement bien l'histoire de Bretagne, au
point d'en écrire plusieurs pages et parfois des livres entiers.
Aujourd'hui, trouver un
écrivain français qui, tout en parlant de la Bretagne,
peut citer Nominoe, Jean IV, Pontcallec ou Sebastian Ar Balp
relève de l'utopie.
Quand l'intellitgentsia française se mire dans nos lacs et nos mers, elle n'y aperçoit plus que son propre reflet. |
Je mesurais ce qu'une pensée veut de temps pour se
développer; et, mon compas à la main, debout sur un rocher, à cent toises
au-dessus de l'Océan, dont les lames se jouaient dans les brisants, j'arpentais
mon avenir en le meublant d'ouvrages, comme un ingénieur qui, sur un terrain
vide, trace des forteresses et des palais. La mer était belle, je venais de
m'habiller après avoir nagé. J'attendais Pauline, mon ange gardien, qui se
baignait dans une cuve granit pleine d'un sable fin, la plus coquette baignoire
que la nature ait dessinée pour ses fées marines.
Nous étions à l'extrémité du Croisic, une mignonne presqu'île de la Bretagne ; nous étions loin du port, dans un endroit que le fisc a jugé tellement inabordable, que le douanier n'y passe presque jamais.(…) - Vois, lui dis-je, les vents de mer dessèchent ou renversent tout, il n'y a point d'arbres; les débris des embarcations hors de service se vendent aux riches, car le prix des transports les empêche sans doute de consommer le bois de chauffage dont abonde la Bretagne. Ce pays n'est beau que pour les grandes âmes ; les gens sans cœur n'y vivraient pas; il ne peut être habité que par des poètes ou par des bernicles. N'a-t-il pas fallu que l'entrepôt du sel se plaçât sur ce rocher pour qu'il fût habité? Honoré de Balzac. Un drame au bord de la mer
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Vois, lui dis-je, les vents de mer dessèchent ou renversent
tout, il n’y a point d’arbres ; les débris des
embarcations hors de service se vendent aux riches, car le prix des
transports les empêche sans doute de consommer le bois de
chauffage dont abonde la Bretagne.
Ce pays n’est beau que pour les grandes âmes ; les gens
sans coeur n’y vivraient pas ; il ne peut être
habité que par des poëtes ou par des bernicles.
N’a-t-il pas fallu que l’entrepôt du sel se
plaçât sur ce rocher pour qu’il fût
habité. D’un côté, la mer ; ici, des sables ;
en haut, l’espace. Nous avions déjà dépassé la ville, et nous étions dans l’espèce de désert qui sépare le Croisic du bourg de Batz. Honoré de Balzac. Un drame au bord de la mer
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A quelques cents pas de Guérande, le sol de la Bretagne
cesse, et les marais salants, les dunes commencent. On descend dans le
désert des sables que la mer a laissés comme une marge
entre elle et la terre, par un chemin raviné qui n’a
jamais vu de voitures. Ce désert contient des sables infertiles,
les mares de forme inégale bordées de crêtes
boueuses où se cultive le sel, et le petit bras de mer qui
sépare du continent l’île du Croisic. Quoique
géographiquement le Croisic soit une presqu’île, comme elle ne se rattache à la Bretagne que par les grèves qui la lient au bourg de Batz, sables arides et mouvants qui ne sauraient se franchir facilement, elle peut passer pour une île. Honoré de Balzac. Béatrix
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Nous voici bien loin de notre humble Berry, où j'ai pourtant
retrouvé, dans la mémoire des chanteurs rustiques, plusieurs romances et
ballades exactement traduites, en vers naïfs et bien berrichons, des textes
bretons publiés par M. de la Villemarqué. Revendiquerons-nous la propriété de
ces créations, et dirons-nous qu'elles ont été traduites du berrichon dans la
langue bretonne? Non. Elles portent clairement leur George Sand. Promenades autour d’un village
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- Moi, madame; dit le chevalier selon les ordres de Votre
Altesse, je suis parti pour la Bretagne, et, arrivé à Nantes, j'ai
ouvert mes dépêches et pris connaissance de mes instructions.
- Eh bien? demanda vivement la duchesse. - Eh bien! madame, reprit d'Harmental, j'ai été aussi heureux dans ma mission que messieurs de Laval et de Pompadour dans la leur. Voici l'engagement de messieurs de Mont-Louis, de Bonamour, de Pont-Callet et de Rohan-Soldue. Que l'Espagne fasse seulement paraître une escadre en vue de nos côtes, et toute la Bretagne se soulèvera. Alexandre Dumas. Le chevalier d’Harmental
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Le roi vit que d'Artagnan ne voulait pas parler.
- Je vous ai fait venir, monsieur le capitaine, pour vous dire d'aller préparer mes logements à Nantes. - À Nantes? s'écria d'Artagnan. - En Bretagne. - Oui, Sire, en Bretagne. Votre Majesté fait ce long voyage de Nantes ? Alexandre Dumas. Le vicomte de Bragelonne
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Les larves de la légende et les monstres de l'histoire, tout
avait passé sur ce noir pays [la Bretagne]. Teutatès, César, Noël, Néomène, Geoffroy
d'Angleterre, Alain-gant-de-fer, Pierre Mauclair, la maison française de Blois,
la maison anglaise de Montfort, les rois et les ducs, les neuf barons de
Bretagne, les juges des Grands-Jours, les comtes de Nantes querellant les
comtes de Rennes, les routiers, les malandrins, les grandes compagnies, René
II, vicomte de Rohan, les gouverneurs pour le roi, le «bon duc de Chaulnes» branchant
les paysans sous les fenêtres de madame de Sévigné, au quinzième siècle les
boucheries seigneuriales, au seizième et au dix-septième siècles les guerres de
religion, au dix-huitième siècle les trente mille chiens dressés à chasser aux
hommes; sous ce piétinement effroyable le peuple avait pris le parti de
disparaître. Tour à tour les troglodytes pour échapper aux celtes, les celtes
pour échapper aux romains, les bretons pour échapper aux normands, les
huguenots pour échapper aux catholiques, les contrebandiers pour échapper aux
gabelous, s'étaient réfugiés d'abord dans les forêts, puis sous la terre.
Ressource des bêtes. C'est là que la tyrannie réduit les nations. Depuis deux
mille ans, le despotisme sous toutes ses espèces, la conquête, la féodalité, le
fanatisme, le fisc, traquaient cette misérable Bretagne éperdue, sorte de
battue inexorable qui ne cessait sous une forme que pour recommencer sous
l'autre.
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Nantes
est placée sur un bras fort étroit ; ce fleuve, là
comme ailleurs, est toujours gâté par des îles. Vis
à vis des chantiers, ce bras de la Loire est rejoint par un
autre beaucoup plus large. J'ai pris une barque pour le remonter, mais
j'avais du malheur aujourd'hui. Pour toute conversation, mon vieux
matelot m'a demandé dix sous pour boire une bouteille de vin, ce
qui ne lui était pas arrivé, dit-il, depuis quinze jours.
C'est sans doute un mensonge, le litre de vin coûtant cinq
centimes à Marseille, doit revenir à quinze centimes tout
au plus sur les côtes de Bretagne. Mais peut-être l'impôt est-il excessif. Nos lois de douane sont si absurdes ! Stendhal. Mémoires d'un touriste (Nantes, le 25 juin 1837)
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Et il leur racontait son temps de forgeron à l'usine d'Indret,
alors qu'il
s'appelait simplement
Roudic, car
ce nom de Labassindre qu'il portait était le nom de son village La Basse-Indre, un gros bourg breton des bords de la Loire. Alphonse Daudet. Cécile. Mœurs contemporaines, 1885, Ed Lemerre |
Notre-Dame-de-toutes-joies
C’est sur ma profonde
misère que j’appuie un brin l’espérance de voir nos Dieux (tous deux mon père)
me donner cor’ vingt ans de FranceOu le voeu français A vivre : elle est mon paradis, que voulez-vous, la récompense de ma misère et mes souffrances, bien plus que le ciel, je vous le dis. Un peu de ces vingt trésors soient pris à vous, Nantes, ô gloire de la Bretagne, et aux feux d’or des plus beaux couchants sur la Loire Et qui me font battre le cœur devant tous ces vaisseaux du Port ! Né l’amant de telles splendeurs, je ne veux pas mourir encor. Hier j’ai moqué la Misère : Nantes offrait, sur ciel de soie irisée, un profil si fier et doux que mes yeux la nommèrent Notre-Dame-de-toutes-Joies ! – Mais qu’entendez-vous par Misère ? – Ah ! devant les splendeurs du Monde, c’est mon humilité profonde. Paul Fort. Poème "Notre Dame de toutes joies", ballade
nantaise.
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