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Outrages
et blasphèmes
Les
références vitales
des uns ne sont pas forcément celles des autres.
Un penchant
fâcheux pousse à
piétiner les références vitales de ses
adversaires, et même
celles de ses voisins . En termes profanes,
celà
s'appelle
l'outrage. En termes religieux, celà s'appelle le
blasphème.
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Le droit au respect est manifestement passé
de mode dans l'Hexagone. C'était de toutes façons
une revendication communautariste.
Le droit au respect est une négation
feutrée d'un devoir républicain, celui de s'intégrer sans rien dire.
Le droit au respect est une stratégie
hypocrite qui sape de l'intérieur l'idéal de République une et
indivisible.
Bon,
bon, d'accord, va pour le droit au blasphème et à
l'outrage...
En tant que Breton, j'ai
ressenti
les
humiliations liées au mépris ou à la
négation de mes références les plus
vitales.
J'ai
vécu aussi
l'inverse, ou la
réponse,
comme on veut... Par exemple la
mise à feu de
drapeaux français.
Je sais que les
uns brûlent
fièrement,
à la grande joie des
participants. Je sais que d'autres, en nylon, se
rétracte
vilainement comme
un
ectoplasme qui s'accroche au manche. La volonté d'outrage
engendre des déceptions spécifiques.
L'outrage et le
blasphème
peuvent susciter de vives réactions, et
nous en
avons eu la preuve depuis 2006 avec les caricatures de Mahomet. Nous avons entendu
nos républicains, au nom de la laïcité,
revendiquer
le droit au blasphème.
Je
remarque que cette
revendication de liberté, quand
il s'agit de piétiner les valeurs des autres,
n'empêchent
pas les lois
répressives qui, en France, visent à punir
l'outrage aux symboles républicains.
Je
n'ai pas vu les
valeureux tenants du droit au blasphème
revendiquer la suppression de l'article suivant du code
pénal
français :
CODE
PÉNAL
(Partie
Législative)
Article
433-5-1
(inséré
par Loi nº 2003-239 du 18
mars
2003 art. 113 Journal Officiel du 19 mars 2003)
Le
fait, au cours d'une manifestation
organisée ou réglementée par
les autorités publiques, d'outrager publiquement l'hymne
national ou le
drapeau tricolore est puni de 7 500 euros d'amende.
Lorsqu'il est commis en
réunion, cet outrage
est puni de six mois d'emprisonnement et de
7 500 euros
d'amende. |
L'outrage
aux
croyances au nom de la
liberté
d'expression est une chose. Mais, pour affirmer cette
liberté
d'expression, ne serait-il pas plus crédible, plus excitant,
et moins
porteur de
dégats collatéraux, de promouvoir l'outrage
à la
République, ou tout au moins de s'insurger contre l'article
433-5-1 ci-dessus .
Dans la liberté blasphématoire, l'égalité
des droits
-chère à la laïcité- manque
cruellement.

Contreculture/Outrage
version 1.2