Jean Giraudoux (1882 - 1944)"Giraudoux était
un virtuose : un maître de la langue, avec un sens aristocratique
du rapprochement brillant, de la formule inattendue mais révélatrice,
des délices de la digression, de l’ornementation syntaxique,
du jeu de mots enchanteur" (Ann Smock)
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A la vérité, Giraudoux
n'est pas que cela. On préfère oublier qu'il fut
aussi un homme politique, et non des moindres : il fut placé en
1939 par le gouvernement Daladier à un poste de confiance :
commissaire à l'information. Durant cette année 1939, Giraudoux émerge aussi comme un auteur politique, avec une oeuvre majeure : Pleins Pouvoirs. Cet ouvrage montre, mieux que toute biographie, qui est Giraudoux. C'est un défenseur de la race française. La France, selon lui, doit rester une nation de premier ordre, parce que c'est dans sa nature. Malgré l'excellence des Français, le problème réside dans les perversions qui affectent son peuplement, sa conscience et l'architecture de sa capitale. La perversion qui affecte le peuplement de la France est, selon Giraudoux, sans ambiguïté : ce sont les races inférieures et en particulier les Juifs Askenasis. |
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Entrent chez nous tous ceux qui ont choisi notre pays, non parce
qu'il est la France, mais parce qu'il reste le seul chantier ouvert de
spéculation ou d'agitation facile, et que les baguettes du
sourcier y indiquent à haute teneur ces deux trésors qui
si souvent voisinent : l'or et la naïveté. Je ne parle pas
de ce qu'ils prennent à notre pays, mais, en tout cas, ils ne
lui ajoutent rien. Ils le
dénaturent par leur présence et leur action. Ils
l'embellissent rarement par leur apparence personnelle. Nous les
trouvons grouillants sur chacun de nos arts ou de nos industries
nouvelles et anciennes, dans une génération
spontanée qui rappelle celle des puces sur un chien à
peine né. Entrent chez nous, sous le couvert de toutes les révolutions, de tous les mouvements idéologiques, de toutes les persécutions, non pas seulement ces beaux exilés de 1830 ou de 1848 qui apportaient là où ils allaient, Etats-Unis, Europe Centrale, Afrique du Sud, le travail, la conscience, la dignité, la santé, mais tous les expulsés, les inadaptés, les avides, les infirmes. Sont entrés chez nous, par une infiltration dont j'ai essayé en vain de trouver le secret, des centaines de mille Askenasis, échappés des ghettos polonais ou roumains, dont ils rejettent les règles spirituelles, mais non le particularisme, entraînés depuis des siècles à travailler dans les pires conditions, qui éliminent nos compatriotes, tout en détruisant leurs usages professionnels et leurs traditions, de tous les métiers du petit artisanat : confection, chaussure, fourrure, maroquinerie, et, entassés par dizaines dans des chambres, échappent à toute investigation du recensement, du fisc et du travail. Tous ces émigrés, habitués à vivre en marge de l'Etat et à en éluder les lois, habitués à esquiver toutes les charges de la tyrannie, n'ont aucune peine à esquiver celles de la liberté ; ils apportent là où ils passent l'à-peu-près, l'action clandestine, la concussion, la corruption, et sont des menaces constantes à l'esprit de précision, de bonne foi, de perfection qui était celui de l'artisanat français. Horde qui s'arrange pour être déchue de ses droits nationaux et braver ainsi toutes les expulsions, et que sa constitution physique, précaire et anormale, amène par milliers dans nos hôpitaux qu'elle encombre. En ce qui concerne les migrations provoquées par lui-même, notre Etat n'a pas eu plus de prévoyance. Il n'a jamais été guidé que par des considérations matérielles. D'abord, alors qu'il pouvait choisir parmi les races les plus voisines de la nôtre, il a favorisé l'irruption et l'installation en France de races primitives ou imperméables, dont les civilisations, par leur médiocrité ou leur caractère exclusif, ne peuvent donner que des amalgames lamentables et rabaisser le standard de vie et la valeur technique de la classe ouvrière française. L'Arabe pullule à Grenelle et à Pantin. (p 65-67)
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Un vieil ami de régiment, bien français (il
répond même au nom de Frisette), est venu, les larmes dans
les yeux, me demander mon aide pour sauver de l'expulsion ses voisins.
Il m'en fit, malgré son enthousiasme, une description tellement
suspecte que je décidai d'aller les voir avec lui. Je trouvai une famille d'Askenasis, les parents, et les quatre fils, qui n'étaient d'ailleurs pas leurs fils. Ils n'avaient, naturellement, aucun permis de séjour. Ils avaient dû pénétrer en France soit en utilisant les uns après les autres le même permis, par cette resquille qui nous servait, lycéens, à voir les matches Carpentier, soit en profitant des cartes de l'exposition, soit grâce à l'entremise d'une de ces nombreuses agences clandestines qui touchent de cinquante à mille francs par personne introduite, qui s'arrangent même pour dénoncer leurs clients à la police, les faire expulser, afin de les réintroduire à nouveau et toucher une seconde fois la prime. Le soi-disant père avait pu aussi s'engager comme ouvrier agricole, et, admis sous ce titre, se gardant bien de rejoindre la campagne, il s'était installé avec sa famille au centre de Paris. Et ce bon M. Frisette, qui a des enfants, des neveux qui étudient, et dont certains cherchent vainement une place, venait me supplier d'obtenir l'équivalence de droits avec ses enfants, ses neveux, pour ces étrangers dont déjà on devinait qu'ils seraient leur concurrence et leur saignée. L'assortiment était complet. C'en était comique. On devinait celui qui vendrait les cartes postales transparentes, celui qui serait le garçon à la Bourse, puis le courtier marron, puis Staviski ; celui qui serait le médecin avorteur, celui qui serait au cinéma d'abord le figurant dans Natacha, puis M. Cerf, puis M. Natan. Il y avait même, excuse et rédemption qui ne laissait pas de me troubler, celui, à regards voilés, qui pouvait être un jour Israël Zangwill. Aucun papier, que des faux. Ils étaient là, noirs et inertes comme les sangsues en bocal ; mais ni M. Frisette, ni Mme Frisette, émus de leur sort, et qui imaginaient leur neveu et leur petite-nièce ainsi abandonnés dans un pays étranger, ni la concierge, qu'ils avaient achetée par un col en faux putois, ne se résignaient à les voir quitter la ville de Henri IV et de Debussy. (p 71 - 72)
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Concluons. Dans l'équipe toujours remarquable des hommes
d'Etat qui prétendent à la conduite de la France, le seul
qui aura compris, celui auquel il conviendra de tresser plus tard des
couronnes aussi belles qu'au ministre de la paix, sera le ministre de la race (...). Qu'importe que les frontières du pays soient intactes, si les frontières de la race se rétrécissent et si la peau de chagrin française est le Français ! (...) Le pays ne sera sauvé que provisoirement par les seules frontières armées : il ne peut l'être définitivement que par la race française, et nous sommes pleinement d'accord avec Hitler pour proclamer qu'une politique n'atteint sa forme supérieure que si elle est raciale, car c'était aussi la pensée de Colbert et de Richelieu. (P 74 - 76)
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