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Marguerite Duras (1914-1996)Icône de François Mitterrand et du PS (Propaganda Staffel) |
J'ai
le souvenir, pour ma part, d'avoir eu connaissance du passé
collaborationniste de Duras par une note en bas de page figurant dans
la biographie de Gaston Gallimard, due à Pierre Assouline.
C'était en 1984. Il y était fait allusion à
l'existence de cette commission de la Propaganda Staffel
où avait officié la jeune Marguerite Donnadieu,
épouse Antelme, commission mise en place par un décret du
maréchal, après la préalable aryanisation des
maisons d'édition juives (Nathan, Calmann-Levy), puis prise en
mains par les nazis. Son attribution : le contrôle du papier
d'édition. Elle constituait ainsi un véritable organisme
de censure qui épluchait les manuscrits reçus et avait la
charge de distribuer le papier aux seuls "bons" éditeurs
(entendons ceux qui avaient accepté, de leur plein gré,
de retirer de la vente et ne plus publier les auteurs inscrits sur les
listes dites "Otto" et "Bernhard", à savoir les auteurs juifs,
communistes, ou ceux ayant eu par le passé une attitude critique
à l'égard de l'Allemagne et de sa culture). " Marguerite,
écrit Laure Adler dans la biographie qu'elle lui a
consacrée, ne pouvait ignorer le degré de collaboration
de cet organisme constamment surveillé par la Propaganda ".
Paul Morand eut des responsabilités dans cette commission
dirigée par un collaborateur notoire. Les noms de Ramon
Fernandez, Brice Parain, Dionys Mascolo figurent dans la liste de la
quarantaine de lecteurs accrédités par ladite commission.
Quand à la secrétaire de celle-ci, c'était notre
Marguerite Donnadieu-Antelme, qui deviendra plus tard l'intraitable
résistante Marguerite Duras, l'impitoyable tortionnaire de
collabos, puis la militante communiste (stalinienne, forcément
stalinienne ?) pure et dure. Ne manquant pas d'aplomb, à la
Libération, l'incorruptible communiste s'en prendra avec une
farouche énergie à tous ces veaux de Français qui
n'avaient pas ouvertement pris parti contre Pétain (...). Le jeunot que j'étais ne pouvait imaginer que cette forte figure de femme, (...) avait fréquenté l'ambassadeur du Troisième Reich à Paris, Otto Abetz et le Sonderführer Gerhard Heller, avait été la maîtresse (pour la "bonne cause" s'entend) du gestapiste qui avait fait arrêter et déporter son mari, Robert Antelme, pour ensuite non pas s'engager vraiment dans la lutte armée contre l'occupant nazi (...) mais, tâche moins périlleuse, participer à des séances de torture d'un détenu soupçonné de collaboration. Il faut relire l'époustouflant récit de l'interrogatoire "musclé" que la frêle petite bonne femme a mené avec un sacré coeur à l'ouvrage dans un local de la rue de Richelieu. Et sans doute serais-je tombé d'encore un peu plus haut si j'avais vu en cette farouche militante de la lutte anti-impérialiste (...) le co-auteur d'un livre raciste, L'Empire français, monument apologétique dressé à la gloire du colonialisme français rédigé avant la guerre et publié après la défaite. Ce n'était tout de même plus une gamine immature et irresponsable qui écrivait à l'époque : "On ne peut pas mêler cette race jaune à notre race blanche" ou qui affirmait qu'il était du devoir "des races supérieures de civiliser les races inférieures". (pages 170-172)
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Robert
Antelme épouse Marguerite Duras en septembre 1939. Après
la défaite, pendant qu'elle se livre à la basse besogne
qui consiste à surveiller, sous le regard attentif des
Allemands, les maisons d'édition françaises, qu'elle
reçoit dans son bureau les auteurs (ni juifs ni communistes,
bien sûr, lesquels sont dès les débuts de
l'Occupation interdits de publication), qu'elle lit leurs manuscrits,
qu'elle juge quels écrits méritent ou non d'être
publiés, Robert Antelme de son côté, occupe
jusqu'en mai 1941 un poste de rédacteur auxiliaire à la
préfecture de police, avant d'être engagé au
cabinet du ministre de la Production industrielle, Pierre Pucheu,
ancien militant auprès de Jacques Doriot et du colonel de La
Rocque, chef des Croix-de-Feu. Quand Pucheu est affecté au
ministère de l'Intérieur, Robert Antelme le suit et
restera à ses côtés jusqu'à la fin de 1943.
" Fonctions ambiguës ", dans les deux cas, commente une des
biographes de Marguerite Duras, Frédérique Lebelley. (Page 173)
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