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Robespierre (Maximilien de)L'incorruptible
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" Il est temps d'avertir la Nation Artésienne des pièges funestes dont on l'environne ; il est temps de l'inviter à réfléchir sur les objets qui intéressent le plus essentiellement son bonheur. Nous croyons qu'il n'en est pas de plus important pour elle, que de rappeler les États particuliers de cette Province aux véritables principes de leur Constitution ; & d'adopter de sages mesures, pour parvenir à cette réforme salutaire ; & il nous semble que nous remplirons le devoir d'un bon Citoyen, en développant ici toutes les raisons qui démontrent la nécessité de la poursuivre, avec autant d'activité que de persévérance. Le véritable moyen d'anéantir les abus qui causent les malheurs publics est d'aller droit aux sources principales d'où ils découlent. Or la première source des malheurs d'un Peuple, ce sont les vices de son gouvernement ; aussi l'expérience nous prouvera elle bientôt que l'Artois doit attribuer la plupart des siens aux vices qui ont dénaturé la véritable constitution des États à qui son administration était confiée. Commençons par reconnaître ces vices, en les rapprochant des principes fondamentaux de notre droit public. Qu'est ce que des États Provinciaux ? C'est l'Assemblée des Représentants de tous les Ordres des Citoyens, chargés de leurs pouvoirs, pour veiller, en leur nom, au maintien de leurs droits, & pour présider à l'administration de la chose publique. " |
Il résulte en général de tout ce que nous venons de dire, que les Membres du Clergé qui prennent séance aux États, ne représentent en aucune manière l'Ordre du clergé ! Et de quel droit a-t-on exclu les Curés, et tous les autres Ecclésiastiques, la classe, sans contredit, la plus nombreuse, la plus utile de ce Corps, la plus précieuse par ces rapports touchans, qui l'unissent aux besoins et aux intérêts du Peuple ? (...) |
"
Qu'est-ce que la Chambre du
Tiers-Etat ? Une Assemblée des Députés
nommés par les Corps Municipaux
des dix Villes de la Province. Mais ceux qui composent ces Corps
municipaux, qui les a nommés eux-mêmes ? Sont-ce
les
habitants des
Villes ? Non. On leur a ravi ce droit sacré de choisir
eux-mêmes leurs
Officiers, leurs Administrateurs particuliers ; droit aussi ancien que
la Monarchie, & qui étoit fondé sur les
mœurs
et sur la
constitution des Gaulois et des Belges nos aïeux ; droit qui,
après
quelques siècles d'oppression, nous avait
été
rendu, aussi-tôt que le
Peuple eut commencé à fouler un peu le joug de la
tyrannie féodale qui
l'accablait, comme le signal, le gage & la base de nos
libertés :
un Edit, un seul Edit dicté par le génie fiscal
d'un
Ministre abhorré,
a suffi pour nous l'enlever. (...) Ainsi donc, ces mêmes Officiers Municipaux, dont le pouvoir est une atteinte continuelle à nos droits, qui n'ont même aucune qualité constitutionnelle & légale pour administrer les Villes, se font de cette usurpation même, un titre pour s'emparer encore de l'administration de la province, à l'exclusion et au mépris de tous les Citoyens, qui tous y sont appelés, & qui seuls peuvent conférer le pouvoir d'y voter ! Eux qui, quand bien même ils seraient choisis par les Habitants des Villes, pour les administrer, n'auroient aucun droit de nous représenter aux Etats Généraux de la Province, puisque leurs pouvoirs seraient circonscrit par l'objet & par la nature même de leur mandat, au régime des Communes qui les auraient élus.(...) Citoyens, considérez donc d'abord la distance énorme qui sépare des Etats vraiment nationaux, de ces commissions inconstitutionnelles, qui osent usurper ce nom auguste." |
"
N'est-il pas naturel que ces
prétendus Administrateurs eux-mêmes, qui
connaissent leur
faiblesse,
aiment mieux sacrifier insensiblement une partie des
privilèges
de leur
Pays, à la crainte de voir anéantir cette
autorité, qui est devenue en
quelque sorte leur propriété, ou, si l'on veut,
au
désir d'élever leur
fortune particulière sur la ruine de leur Patrie ? Oui, n'en
doutez
pas, c'est par les vices monstrueux de cette constitution
dégénérée,
que divers Pays d'Etats ont perdu successivement la plus grande partie
de leurs privilèges, dès qu'il a plu au
Ministère
de les attaquer ;
&, sans m'écarter de notre Histoire
particulière, ne
trouvons nous
pas une preuve frappante de cette vérité, dans ce
qui
s'est passé en
1787, aux Etats d'Artois, lorsque les Ministres d'alors leur
proposèrent d'ajouter, à la masse des charges
accablantes
qui
écrasaient nos malheureux Citoyens, un impôt de
300 000
livres ? (...) Portez vos regards sur les temps antérieurs ; & voyez avec quelle facilité effrayante vos privilèges ont été sacrifiés successivement, en moins d'un siècle, aux caprices & à l'ambition des Ministres ; par la faiblesse de votre Administration. Songez qu'en 1640, époque de votre réunion à la Couronne de France, les impositions de cette province étaient presque bornées à ce qu'on appelle l'ancienne composition d'Artois ; que vos Capitulations vous garantirent encore, de la manière la plus solennelle, la conservation de tous vos privilèges, dont l'un des principaux, fondé d'ailleurs sur les maximes essentielles de toute société humaine, consistait dans le droit de ne pouvoir être assujetti à aucune taxe, sans votre consentement exprès ; & voyez la masse épouvantable de vos impositions actuelles ... Songez à cette dette énorme de huit millions cent vingt et un mille livres, qui pèse sur cette malheureuse province, si peu étendue, & qui trouve si peu de ressource dans l'industrie de ses Habitants ; sans que les exactions les plus révoltantes du Gouvernement aient jamais éprouvé le moindre refus de la part des Administrateurs dociles qui osaient se charger de consentir pour vous à votre propre ruine. " |
" Ce qui étonnera encore plus, c'est que cette Province paie les droits d'entrée et de sortie aux barrières de la Picardie, parce que, suivant le Code de la Ferme, elle est réputée étrangère au Royaume ; tandis qu'on la dépouille des franchises dont nous venons de parler, quoiqu'elles lui soient assurées par le même titre, de manière qu'on la considère comme étrangère, pour lui imposer de nouvelles charges, & qu'on lui ôte cette qualité, pour la priver des droits qui en étaient la conséquence et le dédommagement. " |
Des complots partout
Robespierre est
élu par la nation
artésienne. Mais à Paris, plus question de
l'Artois. Il
adhère au club jacobin et gravit les marches du pouvoir. Il
devient " l'Incorruptible ".
Il entraîne les députés à voter le décret du 22 prairial sur les suspects. C'est le début de la Grande Terreur. En 10 mois, de septembre 1793 jusqu'à la chute du dictateur jacobin le 27 juillet 1794, la chasse aux suspects et aux étrangers va faire environ 40.000 victimes. 17.000 victimes sont guillotinées. Les autres sont noyées, fusillées, ou massacrées de diverses manières, selon les directives locales du pouvoir et les fantaisies des assassins. Robespierre est le père du républicanisme français. Les discours du grand homme se ressemblent tous. Il est facile de les caractériser à partir d'une analyse lexicale. Plus de la moitié des textes consiste en accusations, soupçons, insinuations. Dans le quart du reste, Robespierre se plaint d'être calomnié. Pour le reste, ce sont des formules chocs, des enflures. La haine des étrangers La xénophobie est une des constantes de la pensée de Robespierre. |
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" Est-ce dans le moment où vous
n'avez pas assez de vertu, de sagesse & d'énergie
pour
dompter tous
les ennemis
extérieurs
& intérieur de la liberté, que vous devez
chercher à comprimer le zèle, l'effervescence
même
du patriotisme ?
Est-ce dans le moment où des traîtres s'agitent de
toutes
parts, que
vous devez supprimez les comités de surveillance, les
comités
révolutionnaires que le peuple, fatigué des
trahisons, a
choisi pour
déjouer les complots, & opposer une force active aux
efforts
de
l'aristocratie ? [...] Je me résume, & je fais les propositions suivantes : 1° Faire une loi qui bannisse les étrangers. 2° Renvoyer au Comité de salut public à présenter des mesures sur les suites du décret d'arrestation prononcé contre une partie de ses membres. 3° Sur le reste du projet de votre Comité, passer à l'ordre du jour. " (8 juin 1793) |
" Je me
défie
indistinctement de
tous ces étrangers
dont le visage est couvert du masque
du patriotisme,
& qui s'efforcent de paraître plus
républicains &
plus
énergiques que nous. Ce sont ces ardents patriotes qui sont
les
plus
perfides artisans de nos maux. Ils sont les agents des puissances
étrangères,
car je sais bien que nos ennemis n'ont
pas manqué de dire :
Il faut que nos émissaires affectent le patriotisme le plus
chaud, le
plus exagéré, afin de pouvoir s'insinuer plus
aisément dans nos Comités
& dans nos assemblées ; ce sont eux qui
sèment la
discorde, qui
rôdent autour des citoyens les plus estimables, autour des
législateurs
même les plus incorruptibles ; ils emploient le poison du
modérantisme
& l'art de l'exagération pour suggérer
des
idées plus ou moins
favorables à leurs vue secrètes (...). Ce sont ces agents qu'il faut atteindre, c'est à eux qu'il faut parvenir en dépit de leur art perfide & du masque dont ils ne cessent de se couvrir. Ces agents là sont de tous les pays. Il y a des Espagnols, des Anglais, des Autrichiens ; il faut les frapper tous. La mesure est rigoureuse, elle pourra atteindre quelques philosophes amis de l'humanité ; mais cette espèce est si rare, que le nombre des victimes ne sera pas grand. D'ailleurs, cette espèce est si généreuse & si magnanime, qu'elle ne s'aigrira pas contre les mesures qui doivent assurer la prospérité de la France, le bonheur du genre humain & de la terre même qui leur a donné le jour, & où la tyrannie domine encore ". (16
octobre 1793)
|
"
Quelques petites violations de
territoire, des chicaneries inutiles et minutieuses, des injures
gratuites insérées dans les journaux, une
intrigue
très active, dont
les principaux foyers sont Genève, le Mont-Terrible, et
certains
comités ténébreux qui se tiennent
à Paris,
composés de banquiers,
d'étrangers et
d'intrigants couverts d'un masque de
patriotisme, tout a
été mis en usage pour les déterminer
à
grossir la ligue de nos ennemis.
" (Discours
prononcé à la Convention le 27 brumaire an II,
(17
décembre
1793)
|
" Les étrangers
ont paru quelque
temps les arbitres de la tranquillité publique. L'argent
circulait ou
disparaissait à leur gré. Quand ils voulaient, le
peuple
trouvait du
pain ; quand ils voulaient, le peuple en était
privé ;
des
attroupements aux portes des boulangers se formaient & se
dispersaient à leur signal. Ils nous environnent de leurs
sicaires,
& de leurs espions. " (Prononcé
à la Convention le 25 décembre 1793)
|
" Vous apercevez d'un
seul coup
d'oeil tout le système de conspiration qui se
développe ;
vous
distinguez les étrangers
cherchant, par le moyen de certains fripons, à
ressusciter le girondisme. " (8
janvier 1794)
|
" Je demande que la
société, au lieu
de s'occuper d'un objet particulier, s'occupe au contraire
d'étouffer
toutes les factions & particulièrement celle de l'étranger.
" (19
mars 1794)
|
" Il est
indifférent pour l'étranger
que l'une ou l'autre des deux factions triomphent.(...). L'étranger
doit protéger toutes ces factions sans s'attacher
à
aucune. Que lui
importe qu'Hébert expie ses trahisons sur
l'échafaud,
s'il se trouve
après lui d'autres scélérats qui
veulent perdre la
République, &
égorger tous ceux qui ont combattu constamment contre les
traîtres
& les tyrans. Tous ces scélérats
ligués avec l'étranger,
comptent
pour rien la République. " (21
mars 1794 - 1er germinal An II)
|
" Ce qui nous
intéresse est de
savoir si tel est un conspirateur, s'il a jeté dans la
société civile
des ferments de discorde pour détruire la
liberté, en un
mot s'il a été
attaché à la faction de l'étranger.
" (15
mai 1794 - 26 floréal An II)
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" Il y
a deux peuples en France. L'un est la masse des citoyens, pure, simple, altérée de justice et amie de la Liberté : c'est ce peuple vertueux qui verse tout son sang pour fonder la République qui en impose aux ennemis du dedans et ébranle les trônes des tyrans. L'autre est ce ramassis d'ambitieux et d'intrigants, c'est ce peuple babillard, charlatan, artificieux, qui se montre partout, qui persécute le patriotisme, qui s'empare des tribunes et souvent des fonctions publiques ; qui abuse de l'instruction que les avantages de l'ancien régime lui ont donnée, pour tromper l'opinion publique ; c'est ce peuple de fripons, d'étrangers, de contre-révolutionnaires hypocrites, qui se place entre le peuple français et ses représentants, pour tromper l'un et calomnier les autres, pour entraver leurs opérations, pour tourner contre le bien public les lois les plus utiles et les vérités les plus salutaires. Tant que cette race impure existera, la République sera malheureuse et précaire, C'est à vous de la délivrer par une énergie imposante et par un concert inaltérable. Ceux qui cherchent à nous diviser, ceux qui arrêtent la marche du gouvernement, ceux qui le calomnient tous les jours près de vous par des insinuations perfides, ceux qui cherchent à former contre lui une coalition dangereuse de toutes les passions funestes, de tous les amours-propres irascibles, de tous les intérêts opposés à l'intérêt public, sont vos ennemis et ceux de la Patrie ; ce sont les agents de l'étranger. " (Discours
du 26 mai 1794)
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"
Quand l'énergie républicaine eut
confondu ce lâche système &
fondé la
démocratie, l'aristocratie
& l'étranger
formèrent le plan de tout outrer & de tout
corrompre. (...) Que voulaient-ils ceux qui, au sein des conspirations dont nous étions environnés, au milieu des embarras d'une telle guerre, au moment où les torches de la discorde civile fumaient encore, attaquèrent tout-à-coup tous les cultes par la violence, pour s'ériger eux-mêmes en apôtres fougueux du néant, & en missionnaires fanatiques de l'athéisme ? Quel était le motif de cette grande opération tramée dans les ténèbres de la nuit, à l'insu de la Convention nationale, par des prêtres, par des étrangers & par des conspirateurs ? " (Discours
du 7 mai 1794)
|
" Je suis loin d'imputer
les abus
à
la majorité de ceux à qui vous avez
donné votre
confiance ; la majorité
est elle-même paralysée et trahie ; l'intrigue et l'étranger
triomphent. " (Dernier
discours, 8 thermidor an II)
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