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Jaurès (Jean)Héros et martyr (1859-1914) |
" ...Quand
nous prenons possession d'un pays, nous devons amener avec nous la
gloire de la France, et soyez sûrs qu'on lui fera bon
accueil, car
elle est pure autant que grande, toute
pénétrée de
justice et de bonté. Nous pouvons dire à ces
peuples, sans
les tromper, que jamais nous n'avons fait de mal à leurs
frères
volontairement : que les premiers nous avons étendu aux
hommes de
couleur la liberté des Blancs, et aboli l'esclavage [...];
que là
enfin où la France est établie, on l'aime, que
là
où elle n'a fait que passer, on la regrette; que partout
où
sa lumière resplendit, elle est bienfaisante; que
là où
elle ne brille plus, elle a laissé derrière elle
un long
et doux crépuscule où les regards et les coeurs
restent attachés.
" |
" ... L'Alliance a bien
raison de
songer avant tout à la diffusion de notre langue : nos
colonies ne
seront françaises d'intelligence et de cœur que
quand elle comprendront
un peu le français. (...) Pour la France surtout, la langue
est
l'instrument nécessaire de la colonisation. (...) Il faut que les écoles françaises multipliées, où nous appellerons l'indigène, viennent au secours des colons français, dans leur œuvre difficile de conquête morale et d'assimilation. (...) Sur un million de Kabyles et d'Arabes, un centième à peine est passé dans nos écoles qui sont trop rares ; le reste nous ignore tout à fait et n'est français que par la conquête. Or quelle doit être notre ambition ? Que les Arabes et les kabyles, commandés par des officiers français, servent à la garde et à la police de l'Algérie, de telle sorte qu'une bonne partie de l'armée d'Afrique puisse en cas de péril aller à une autre frontière : qu'ils entrent peu à peu dans nos mœurs politiques et participent à l'administration de rares affaires, enfin qu'ils deviennent le plus possible des producteurs. Mais si nous n'enseignons pas le français aux plus intelligents d'entre eux, comment pourrons-nous les subordonner à nos officiers (...) ? " |
"La
première règle pratique, c'est de veiller
constamment à ce que les compétitions coloniales
des divers peuples ne puissent
jamais aboutir entre eux à la guerre. Il faudra pour cela
que les socialistes
aient le courage, chacun dans sa nation, de blâmer les
prétentions excessives.
Les socialistes n'y pourront réussir et ne pourront
même s'y employer
sérieusement qu'en suivant de très
près, et pour ainsi dire au jour le jour,
le mouvement colonial. La deuxième règle, pour les socialistes de tous les pays, sera de demander pour les peuples vaincus ou les races soumises de l'Asie, de l'Amérique, de l'Afrique le traitement le plus humain, le maximum de garanties. Qu'il s'agisse des Hindous dominés par l'Angleterre, des Arabes dominés par la France ou des races africaines que se disputent et se partagent tous les peuples de l'Europe, c'est le devoir des socialistes de prendre, dans le Parlement de chaque pays, l'initiative des propositions humaines ou des protestations nécessaires. Cette action socialiste se produira, en chaque pays, avec d'autant plus de force et d'autorité qu'elle sera universelle et universellement probe, et que nul ne pourra y soupçonner un piège. Enfin, il me semble que les socialistes devraient avoir comme troisième règle de marquer de plus en plus d'un caractère international les principales forces économiques que se disputent avidement les peuples. Il est visible par exemple, à l'heure actuelle, que tous les peuples européens cheminent vers les sources du Nil, parce que la possession du haut Nil et des grands lacs africains donne la maîtrise de l'Egypte et de tout le développement africain : c'est là le secret de tous les efforts, publics ou cachés, de toutes les combinaisons, loyales ou perfides, des peuples européens en Afrique, depuis dix ans surtout; et il est possible que ces rivalités, en s'exaspérant, aboutissent à la guerre. Pourquoi un système de garanties internationales n'assurerait-il pas le libre passage du Nil, de la source à la mer, à toutes les activités, comme on a fait déjà pour le Danube et pour le canal de Suez ?" |
Dans
les villes, ce qui exaspère le gros de la population
française contre les Juifs, c'est que, par l'usure, par
l'infatigable activité commerciale et par l'abus des
influences
politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le
commerce,
les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance
publique . (...) En France, l'influence politique des Juifs est
énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne
s'exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de
l'argent. Ils tiennent une grande partie de de la presse, les grandes
institutions financières, et, quand ils n'ont pu agir sur
les
électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils
ont, en
plus d'un point, la double force de l'argent et du nombre."
(cité par Michel Winock, La
France et les Juifs, Ed.
Seuil, 2004)
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"Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n'est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu'elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d'extorsion". ( Discours de J.
Jaurès au Tivoli en 1898 ; cité par B. Poignant,
Ouest-France 13 décembre 2005 )
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Les misères du patronat
Le courage, pour l’entrepreneur, c’est l’esprit
de i’entreprise et le refus de recourir à l’Etat ; pour le technicien,
c’est le refus de transiger sur la qualité ; pour le directeur du
personnel ou le directeur d’usine, c’est la défense de la maison, c’est
dans la maison, la défense de l’autorité et, avec elle, celle de la
discipline et de l’ordre. Dans la moyenne industrie, il y a beaucoup de patrons qui sont à eux mêmes,
au moins dans une large mesure, leur caissier, leur comptable, leur
dessinateur, leur contremaître ; et ils ont avec la fatigue du corps,
le souci de l’esprit que les ouvriers n’ont que par intervalles. Ils
vivent dans un monde de lutte où la solidarité est inconnue. Jusqu’ici,
dans aucun pays, les patrons n’ont pu se concerter pour se mettre à
l’abri, au moins dans une large mesure, contre les faillites qui
peuvent détruire en un jour la fortune et le crédit d’un industriel. Entre tous les producteurs, c’est la lutte sans
merci ; pour se disputer la clientèle, ils abaissent jusqu’à la
dernière limite, dans les années de crise, le prix de vente des
marchandises, ils descendent même au dessous
des prix de revient. Ils sont obligés d’accepter des délais de paiement
qui sont pour leurs acheteurs une marge ouverte à la faillite et, s’il
survient le moindre revers, le banquier aux aguets veut être payé dans
les vingt-quatre heures. Lorsque les ouvriers accusent les patrons d’être des
jouisseurs qui veulent gagner beaucoup d’argent pour s’amuser, ils ne
comprennent pas bien l’âme patronale. Sans doute, il y a des patrons
qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent avant tout, quand ils sont
vraiment des patrons, c’est gagner la bataille. Il y en a beaucoup qui,
en grossissant leur fortune, ne se donnent pas une jouissance de plus ;
en tout cas, ce n’est point surtout à cela qu’ils songent. Ils sont
heureux, quand ils font un bel inventaire, de se dire que leur peine
ardente n’est pas perdue, qu’il y a un résultat positif, palpable, que
de tous les hasards il est sorti quelque chose et que leur puissance
d’action est accrue. Non, en vérité, le patronat, tel que la société
actuelle le fait, n’est pas une condition enviable. Et ce n’est pas
avec les sentiments de colère et de convoitise que les hommes devraient
se regarder les uns les autres, mais avec une sorte de pitié réciproque
qui serait peut être le prélude de la justice ! » Jean JAURÈS - 28 mai 1890 - La Dépêche de Toulouse
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