Combes (Émile)Mythe de l'égalité laïqueEmile
Combes est un des héros
de la laïcité française,
que l'on ramène faussement à des concepts d'égalité et d'impartialité. |
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" Monsieur le
Préfet, Le suffrage universel vient de se prononcer une fois de plus et d'une façon particulièrement éclatante en faveur du maintien et du développement de nos institutions républicaines, et le Cabinet que j'ai l'honneur de présider a le devoir et la ferme volonté de suivre ses indications. Pour mener à bien l'œuvre démocratique, si heureusement inaugurée par le précédent ministère, j'ai besoin de votre concours le plus loyal et le plus résolu, et de celui de tous les fonctionnaires qui détiennent une parcelle quelconque de la puissance publique. Vous êtes dans votre département, Monsieur le Préfet, le représentant du pouvoir central et le délégué de tous les ministres. A ce titre, il vous appartient d'exercer, sous votre responsabilité, une action politique sur tous les services publics : leurs chefs, s'ils jouissent d'une certaine autonomie, en ce qui concerne la tractation des affaires administratives, et relèvent, à ce point de vue, de leurs supérieurs hiérarchiques, ne sauraient oublier qu'ils ont l'obligation stricte de se conformer à votre direction politique. Votre autorité sur eux sera d'autant plus efficace que, vous conformant vous-même aux principes dont s'inspire le Gouvernement, votre attitude sera nettement et résolument républicaine et que tous vos actes tendront à reconnaître la confiance qu'il a placée en vous. Je crois devoir ajouter que si, dans votre administration, vous devez la justice à tous, sans distinction d'opinion ou de parti, votre devoir vous commande de réserver les faveurs dont vous disposez seulement à ceux de vos administrés qui ont donné des preuves non équivoques de fidélité aux institutions républicaines. Je me suis mis d'accord avec mes collègues du cabinet pour qu'aucune nomination, qu'aucun avancement de fonctionnaire appartenant à votre département ne se produise sans que vous ayez été au préalable consulté. J'ai la confiance, monsieur le Préfet, que vous ne perdrez pas de vue ces recommandations. Au surplus, le Gouvernement ne saurait tolérer ni la moindre hésitation, ni la moindre défaillance de la part des fonctionnaires auxquels il délègue son autorité, et dont le premier devoir est l'attachement absolu à la République. Veuillez m'accuser réception de la présente circulaire. " |
Les purges et
les discriminations
combiennes affectent l'administration et l'éducation ; elles
affectent aussi l'armée. Officiellement depuis mai 1904,
mais
sans doute depuis plus longtemps, le général
Louis
André, de l'état-major du ministre de la guerre,
faisait
établir des fiches sur les opinions et la vie
privée des
officiers. Les délateurs portaient en marge : " va
à la
messe " ; " va à la messe avec un livre ", ou bien " a
assisté à la communion de son fils ". Parfois
cela se
résumait à des abréviations : " VLM "
pour " Va
à la messe " ; " VLMAL " pour " Va à la messe
avec un
livre ". De ces fiches dépendaient mutations ou avancements. Vingt cinq mille fiches sont ainsi établies par les Francs-Maçons du Grand Orient de France, pour le compte du Ministère. Voilà en quelque sorte une glorieuse première, que l'on doit à la laïcité militante : la délégation d'une mission de service public à une O.N.G. Toutefois, le secret s'évente. Un employé des loges, J. Bidegain, les communique au Figaro, qui les publie le 27 octobre 1904. Le général André est giflé en public par un député, Gabriel Syveton. Trente-cinq députés francs-maçons se désolidarisent du ministère Combes. Selon eux, les loges avaient violé les statuts de l'Ordre en travaillant pour un service public. Pour se justifier, le conseil de l'Ordre du Grand-Orient invoqua la nécessité d'épurer l'armée. Jean Jaurès soutient le général André, Emile Combes, et le principe de discrimination. Il déclare : "Oui, je tiens à le dire, c'est une joie pour nous, c'est une satisfaction de conscience pour nous d'avoir maintenu au pouvoir ce Président du Conseil" En cours de séance, il prit la défense du général André : "Ce que vous reprochez au Ministre de la guerre, ce que vous ne pouvez lui pardonner c'est d'avoir, depuis quatre années, assumé la tâche difficile de reconstituer dans l'armée l'esprit républicain..." (M. Auclair. La vie de Jean Jaurès. Le Seuil. 1954) |
![]() Le
général
André
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16 octobre 1901 "Ci-joint la note du concours de l'Ecole de Saumur au sujet de laquelle je pense vous aurez lieu d'être satisfait. Vous avez vu la dernière promotion. Les officiers nommés sont presque tous républicains. Vous êtes pour beaucoup dans ce résultat et je ne saurais trop vous en remercier..." |
11 mars 1902 "Très cher frère Vadécart. Je vous envoie les deux listes ci-jointes, dont l'une représente les officiers n'ayant pas les conditions d'ancienneté suffisantes pour être mis au tableau de concours pour la Légion d'honneur et qui y ont été inscrits cependant, grâce à leurs opinions républicaines que nous avons connues par vous et dont l'autre représente tous les officiers qui réunissent toutes les conditions d'ancienneté et de notes militaires pour être maintenus, que nous avons éliminés parce que vous nous les avez signalés comme étant hostiles à nos institutions..." |
8 juin 1902 "Très cher frère Vadécart. Ci-joint je vous envoie une liste de commandants brevetés devant à bref délai être affectés à un service d'état-major sur lesquels nous n'avons aucun renseignement. En nous en procurant, vous nous donnerez le moyen de classer dans les états-majors agréables ceux qui seraient, par hasard, républicains ou au contraire de classer les autres à Gap, à Briançon et autres lieux de plaisance... Si vous le voulez bien ce ne sera là que le commencement d'un travail très vaste que nous avons l'intention de faire sur l'état-major tout entier et dans ce but je vous enverrai d'autres listes comprenant des officiers brevetés." |
6 avril 1904 "... Je vous envoie inclus la liste des officiers (capitaines et lieutenants) qui sont inscrits au tableau d'avancement et sur lesquels nous n'avons pas de renseignements. Le Ministre donnant un tour de faveur aux officiers républicains qui sont inscrits au tableau, il y a grand intérêt à ce que nous soyons fixés sur les sentiments politiques de chacun..." |
"Le Peuple noir — Il n'est pas de meilleurs chrétiens que cette
crapule de Bretagne ; il n'en est pas de plus réfractaire à la
civilisation. Idolâtre, fesse-mathieu, lâche, sournois, alcoolique et
patriote, le cagot armoricain ne mange pas, il se repaît ; il ne boit
pas, il se saoule ; ne se lave pas, il se frotte de graisse ; ne
raisonne pas, il prie, et, porté par la prière, tombe au dernier degré
de l'abjection. C'est le nègre de la France, cher aux noirs ensoutanés
qui dépouillent à son bénéfice les véritables miséreux." (Laurent Tailhade dans L'assiette au Beurre, N°131, 3 octobre 1903)
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